Le président de la Commission de l'UA considère que le combat contre la corruption doit être global en 2018, car, soutient-il, la corruption prive l'Afrique de près de 50 milliards de dollars chaque année. Dans son allocution prononcée hier à l'ouverture des travaux du 31e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA), qui se tient à Nouakchott, le président en exercice de l'organisation panafricaine, Paul Kagame, également président du Rwanda, a été très critique à l'égard de certains de ses homologues africains qu'il a rendu responsables du blocage de l'UA. M. Kagame a ainsi exhorté les Africains à respecter les décisions prises par l'organisation panafricaine afin de préserver la «crédibilité de l'UA». Dans le même sens, il a mis l'accent sur les réformes institutionnelles et financières de l'UA dans le but de «préserver les intérêts et la dignité de l'Afrique». L'UA est une organisation sous perfusion. Son budget de fonctionnement est assuré aux trois quarts par des bailleurs de fonds internationaux. M. Kagame a mis en outre l'accent sur la poursuite et l'accélération des réformes au sein de l'Union, notamment la généralisation de la mise en œuvre de la zone de libre-échange afin de permettre au continent de décoller économiquement et de le rendre plus attractif aux yeux des investisseurs. Il a fait savoir à ce propos, qu'il est attendu que des pays de l'UA ratifieront leur adhésion à la ZLEC, se félicitant aussi que six pays avaient déjà ratifié leur adhésion. Selon les observateurs, l'intervention musclée du chef de l'Etat rwandais s'explique par le fait que certains pays freinent, pour ne pas dire sabordent la réforme de l'UA qu'il a promis de faire aboutir. Blocages et tergiversations Aussi offensif que Paul Kagame, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a insisté de son côté sur le règlement des conflits de manière pacifique pour «préserver l'image du continent». A ce propos, il a regretté le fait qu'à quelques mois du délai de 2020, fixé par l'UA pour faire taire les armes et débarrasser l'Afrique du fléau des conflits, la situation ne soit pas à la hauteur des attentes des Africains. «Qu'il s'agisse des élections en RDC, des processus de réconciliation au Burundi et en Centrafrique, la crise à l'ouest du Cameroun, la situation en Libye ou l'impasse persistante qui caractérise le dossier du Sahara occidental, les circonstances et l'intérêt de l'Afrique appellent au dépassement de soi, au compromis et au sens de l'intérêt général», a affirmé M. Faki. Pour sa part, la représentante du secrétaire général des Nations unies, la Nigériane Amina J. Mohammed, en sa qualité de vice-secrétaire générale de l'ONU, a relevé que l'Afrique a enregistré «beaucoup» de progrès et son indice de développement est en progression «constante». En ce sens, elle a appelé à «mettre en valeur ces acquis» au lieu de «surmédiatiser» les images de conflits et des migrants parqués dans des centres de débarquement. D'autres dirigeants ont cependant réagi à son discours en rappelant qu'il s'agissait malheureusement là d'une réalité qu'il n'était pas possible d'occulter. Aussi, ont-ils appelé à mettre fin sans plus attendre au phénomène des migrants clandestins pour préserver la crédibilité de l'Afrique. Corruption endémique Ce 31e sommet de l'UA est placé sous le thème «Remporter la lutte contre la corruption : une voie durable pour la transformation de l'Afrique». Le choix du thème de la lutte contre la corruption s'explique par le fait que ce phénomène continue de saigner le continent. M. Faki considère à ce propos que le combat contre la corruption doit être global en 2018 car, a-t-il soutenu, la corruption prive l'Afrique de près de 50 milliards de dollars chaque année. Pour lui, toutes les nations africaines «sont concernées, d'une manière ou d'une autre, à des échelles plus au moins grandes» par ce fléau. A signaler, par ailleurs, que la question du Sahara occidental est inscrite, pour la première fois, comme un «point à part et séparé» des autres questions à l'ordre du jour de ce sommet. Selon le Front Polisario, il s'agit d'un tournant important pour cette question, car c'est la première fois qu'elle est inscrite ainsi et ne sera pas traitée dans le cadre «général et global des conflits». Elle sera abordée et débattue au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, lesquels recevront pour la première fois également un «rapport exclusif et séparé» sur cette question, élaboré par le président de la Commission de l'UA. Ce rapport a été établi conformément à une résolution du sommet de l'UA de janvier dernier à Addis-Abeba, au cours duquel il a été demandé aussi à la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et au Maroc de négocier en vue de résoudre le conflit.