– Comment est née la troupe d'art de rue Tirga Yedduklen ? Tout a commencé par deux marionnettes géantes, onze masques pour les comédiens et plusieurs accessoires de jeu dans un atelier de formation sur trois résidences : manipulation, écriture, construction. C'est ainsi que le spectacle «Le pommier des orphelins» est né. – Vous diriez naissance d'un spectacle ou plutôt d'un art ? Plutôt naissance d'un art, vu que ce genre de spectacle n'est pas joué ici en Algérie. Nous sommes les porteurs d'un nouveau style d'animation dans l'espace public, l'idée est de reconquérir les places publiques. Le principe veut que ce soit le public qui se déplace pour voir les spectacles, mais aujourd'hui nous sommes là à proposer un spectacle qui se déplace vers son public. – Quelle est la réaction du public après neuf représentations ? «Le pommier des orphelins» est constitué, à la base, de trois contes créés par nous-mêmes, avec l'encadrement de deux géants de l'écriture, Benoît et Benmohamed. Quand on propose ce travail au public, on sent qu'il se projette dans cette histoire qui raconte un bout de notre vécu collectif, avec une dose du patrimoine et une grande part de modernisation sous une teinte artistique et novatrice. Nous avons un spectacle et nous faisons en sorte qu'il ne soit pas orphelin. D'autres idées sont là, nous attendons de les transformer en histoires pour en faire d'autres créations. – En dehors d'Akbou, quelles sont les villes ou les régions qui ont reçu votre spectacle jusqu'ici ? En tout, on a fait quatre wilayas, en plus de Béjaïa. On a été reçus par l'Institut français d'Oran, la direction de la culture de Blida, les organisateurs de Raconte-Arts à Tizi Ouzou et différentes associations et institutions à Béjaïa avec lesquelles on travaille souvent. Nous avons deux représentations en attente à Bouzeguene et Larbâa Nath Iraten et nous envisageons de faire une grande tournée à l'échelle nationale pour faire connaître cet art. – Quelles sont vos perspectives ? Initier d'autres groupes à cet art de rue, en mettant en place des ateliers de formation avec les associations de la région, mettre en scène les deux autres contes que nous avons conçus, Yasmine et Slimane, au cours des ateliers d'écriture que nous avons réalisés, mais surtout faire en sorte d'identifier les espaces potentiels et les conquérir avec l'animation et l'interculturalité. – Un dernier mot pour votre public… Tirga Yedduklen est un nom qui parle de lui-même, nous avons tracé comme objectif de converger nos rêves et de les cohabiter avec nos réalités respectives dans le but de changer un tant soit peu notre réalité essoufflée.