La cérémonie d'ouverture du Festival de la chanson oranaise s'est déroulée dimanche soir au Théâtre Abdelkader Alloula, en présence des représentants du ministère de la Culture et de la wilaya, mais aussi du maire d'Oran, du directeur de la culture et de la commissaire du festival. Cette 11e édition est dédiée au chanteur Ahmed Wahbi, l'un des symboles de ce style qu'on tente toujours de remettre au goût du jour. Après l'exécution par l'orchestre dirigé par Kouidri Berkane du générique composé spécialement pour l'événement, c'est le chanteur Mati El Hadj qui a ouvert le bal pour donner la mesure de la soirée. Imitateur talentueux, celui-ci a presque bâti sa carrière d'artiste en reprenant les succès du maître, car il connaît bien son répertoire, en tout cas assez pour en faire ressortir quelques pépites oubliées. C'est le cas annoncé du titre Zine fi bnat el ourbane, d'inspiration sahraouie. Mais auparavant c'est une chanson dédiée aux deux chantres de la chanson oranaise incluant Blaoui el Houari qu'il a interprété. Un passage est particulièrement significatif: «sout el guitare wa looud hnine», référence aux instruments de prédilection respectifs de l'un et l'autre. La chanteuse, Djahida Youcef, a enchaîné avec le titre Wahran ârousset el bouldane, où elle vante les mérites de ses saints, El Hasni ou El Houari. Le rythme moyen-oriental et la manière de chanter privilégiés par Adda Aïda dans Nti djourhi nti douaya s'oppose nettement aux intonations et mélodies plus authentiques de Abdelkader Belazrak, notamment dans son interprétation du Maândi walou. Un titre ancien interprété dans les années 1980 par Cheb Moumen. Un passage résume tout l'esprit de cette chanson : «Maândi hadja fettalaa oua lhabet / ma nsal aalih / khelli nas tgoul ghalet / khelli y goulou fih ou fih (…) rabi atani galb kbir.» (Je n'ai rien à voir avec celui qui monte ou qui descend/ je ne cherche après personne/ laisse les gens dire qu'il a tort/ laisse les critiquer (...) moi je suis satisfait/ Dieu m'a doté d'un grand cœur). La soirée d'ouverture a notamment été animée par un des anciens, le Cheikh Ali Maâsakri, qui rend notamment hommage au poète Abdelkader El Khaldi, même si pour lui, l'instrument de prédilection reste le mandole, à la manière des chanteurs «chaâbi» à qui il arrive aussi de puiser dans le même répertoire traditionnel. Habitué du festival, une des valeurs sûres de la chanson oranaise, Baroudi Bekheda, a été également de la partie. En tout une trentaine d'artistes, dont des têtes d'affiche (Houari Benchenet, Sid Ahmed Gotai, Houria Baba, Hezil Benaïcha, etc.) devront se succéder sur la scène du TRO à l'occasion, pour le compte de cette édition devant se poursuivre jusqu'au 9 août et mettre également en concurrence une dizaine de jeunes chanteurs amateurs. Des troupes folkloriques, des artistes attachés au style «bedoui», comme Cheikh Bendenia ou des «meddahate» (El afrah) sont également au programme, au même titre que des poètes de renom, tels que Blaha. Depuis sa création en 2017, le festival a permis de faire émerger sur la scène musicale un bon nombre de nouveaux talents qui reviennent aujourd'hui en leur qualité de professionnels.