Perché à une dizaine de kilomètres au sud du chef-lieu de la commune d'Ahnif, à 45 km à l'est de Bouira, le village Thameziavth, peuplé d'une cinquantaine de familles, a perdu sa tranquillité habituelle. Hocine Bachir, 12 ans, a trouvé la mort dans l'explosion d'un obus survenue samedi dernier vers 18h30. La déflagration de l'engin a fait aussi cinq blessés, tous des enfants, dont trois se trouvent dans un état critique au niveau des deux centres hospitaliers Nedir Mohamed de Tizi Ouzou et Mustapha Bacha d'Alger, ont témoigné hier des proches des victimes rencontrés sur place. Vraisemblablement de fabri-cation récente, l'engin a été enfoui dans un buisson, à quelques encablures d'un détachement militaire. Un habitant du village qui a transporté les deux premières victimes vers l'établissement hospitalier de M'chedallah témoigne : «La violence de la déflagration était telle que les débris et les éclats de l'engin ont blessé légèrement un jeune de 17 ans qui était de passage à bord de sa bicyclette. Je me suis précipité vers le lieu du drame, j'ai évacué Hocine et Salim (10 ans), les deux garçons étaient amputés des jambes. Hocine est décédé à son arrivée à l'hôpital», dit Boualem, toujours sous le choc. «Nous avons l'habitude de jouer à cache-cache dans cet endroit», dit avec beaucoup de peine son fils Lyès, âgé de 10 ans, qui réalise difficilement qu'il ne verra plus jamais Hocine. «La bombe serait nouvellement installée dans ce buisson où les enfants ont l'habitude de jouer. Probablement les terroristes ciblaient le passage des militaires ayant l'habitude de s'approvisionner en produits alimentaires à partir d'un commerce sis à la nouvelle cité regroupant une trentaine de logements», a-t-on ajouté. Selon le témoignage du chauffeur de taxi ayant transporté les victimes vers l'EPH de M'chedallah, relatant ainsi la version de l'une des victimes, les enfants auraient pris l'engin pour un jouet. «Il a explosé après que l'engin est tombé des mains de l'une des victimes», a-t-on ajouté. Les villageois sont en colère. Arrivé sur les lieux du drame, un officier de l'ANP supervisant une opération de ratissage enclenchée vers 10h, demandait aux habitants de relater les faits. «Il faut poser cette question aux enfants se trouvant au niveau des hôpitaux», lui a répondu un villageois tout en dénonçant la dégradation des conditions de sécurité au niveau de la région. «Nous avons perdu un enfant à la fleur de l'âge. Cinq autres sont blessés, dont trois sont amputés de leurs jambes. Nous vivons dans l'insécurité totale», a-t-on déploré. Face à cette situation délicate et craignant aussi d'autres drames, les citoyens ont décidé de sortir dans la rue. L'appel à une grève générale a été largement suivi hier par l'ensemble des commerçants des localités de la commune d'Ahnif, à l'image de ceux installés au chef-lieu communal Ighil N'Ath Amer, Tiksraa et Vonarmel. En début d'après-midi, des habitants du village Thameziavth, épaulés par d'autres citoyens venant des autres localités de la commune, ont décidé d'autres actions de protestation. Ils ont fermé dans les deux sens le tronçon autoroutier est-ouest, a-t-on constaté sur place. Sur les banderoles brandies par les manifestants ayant même improvisé une marche le long du tronçon en question, on pouvait lire : «Amnistier le terrorisme c'est participer dans le crime. # En deuil. Exigence : ratissage». Le tronçon auto-routier a été bloqué durant des heures. Un petit passage a été ouvert par les manifestants aux automobilistes. A l'heure où nous mettons en ligne, la situation est toujours tendue.