Le Cheikh nous a quittés le 7 janvier 1995, laissant une œuvre devenue source d'inspiration pour beaucoup de jeunes talents. Connu pour être un musicien et un chanteur d'andalou, Sadek Abdjaoui, de son vrai nom Bouyahia Sadek est né le 17 décembre 1907 à Béjaïa. Très tôt, il s'intéresse au monde de la musique et comme à l'époque de sa jeunesse, la musique andalouse était très en vogue et dépassait de loin tous les genres musicaux d'alors au pays. C'est tout naturellement qu'il en tombe amoureux et qu'il mettra tout son génie à se perfectionner dans ce domaine pour égaler les grands maîtres. Tlemcen, qui était alors la Mecque de ce genre musical, sera sa destination préférée. Il effectuera plusieurs séjours dans cette ville pour améliorer ses connaissances et rencontrer le gratin du milieu. Ayant acquis une solide formation et une bonne maîtrise de l'interprétation, il va entamer sa carrière artistique en assumant plusieurs rôles. De l'association algéroise El Moussilia où il fut l'un des ardents animateurs pendant presque cinq années, le voilà, à partir de 1946, animateur et responsable d'orchestre à Radio Bougie qui venait juste d'être créée. Ayant commencé sa carrière en chantant en arabe, le voila encore composant des textes en kabyle, écrivant des sketchs qui ont fait le ravissement de centaines d'auditeurs. A l'époque, les artistes kabyles étaient aussi rares que des merles blancs, aussi toute création artistique dans cette langue était la bienvenue pour ceux qui ont la chance de posséder une radio et de capter les émissions de Radio Bougie. Quoi qu'il en soit, l'influence du cheikh a été immense dans l'éclosion de plusieurs vocations artistiques. Plusieurs de ceux qui ont évolué autour de lui, à leurs débuts, sont devenus de grands noms de la chanson kabyle à l'exemple de Mokrane Agawa, El Ghazi, Youcef Abdjaoui, Djamel Allam…. A l'indépendance, pour transmettre son enseignement aux jeunes et répondre aux besoins artistiques du pays dans le domaine musical, il procède à la fondation du conservatoire de musique traditionnelle de la ville de Béjaïa dont il sera l'âme et le moteur jusqu'au en 1986. Ce qui est navrant dans le cas de Sadek Abdjaoui est que son répertoire kabyle est très peu connu. À part quelques titres dont le célèbre « Vou waâmam dou qendour », rares sont les personnes qui peuvent prétendre connaître quelques œuvres en kabyle du cheikh. Il est temps peut-être, à l'heure où ceux qui l'ont connu et côtoyé sont encore vivants, de procéder à l'inventaire de ce répertoire avant qu'il ne tombe complètement dans l'oubli. Sadek Abdjaoui nous a quittés le 7 janvier 1995, laissant une œuvre qui sert de source d'inspiration à beaucoup de jeunes talents.