Le président iranien, Hassan Rohani, a évoqué hier le souvenir de la guerre entre l'Iran et l'Irak pour appeler à l'unité face aux difficultés économiques et aux pressions américaines, rapportent des médias . «Aujourd'hui, le gouvernement est en première ligne. C'est une guerre économique, psychologique et de propagande», a déclaré le président Rohani à la télévision d'Etat. «Nous avons connu de bons et de mauvais jours» durant la «Défense sacrée», a-t-il poursuivi, appellation officielle iranienne pour faire référence au conflit avec l'Irak, qui a fait, selon certains bilans, un million de morts dans les deux pays entre 1980 et 1988. «Mais notre nation n'a jamais baissé les bras. Et aujourd'hui non plus, notre nation ne s'agenouillera pas face à la pression de ce nouveau groupe à la Maison-Blanche», a-t-il ajouté. L'économie iranienne est en grande difficulté ces derniers mois en raison, notamment, du retrait de Washington de l'accord nucléaire de juillet 2015. Ce texte, signé par l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne), a permis la levée des sanctions économiques en contrepartie d'un contrôle sur le programme atomique iranien. Même si les pays européens restent engagés dans cet accord historique, le rétablissement des sanctions américaines affecte durement l'économie. Les prix continuent d'augmenter et les pénuries se multiplient tandis que la monnaie iranienne, le rial, s'est dépréciée de 70% face au dollar depuis un an. Le président Rohani a accusé les Etats-Unis de faire pression sur l'Iran tout en appelant «chaque jour» à des négociations. «Que faut-il croire ? Vos messages ou vos brutales actions ? Si vous voulez le bien des Iraniens, pourquoi faites-vous pression sur eux ?» a-t-il déclaré. Il a appelé à l'unité au moment où il est sous pression à la fois des réformateurs et des conservateurs qui critiquent sa gestion de la crise économique. «Nous ne pouvons combattre à la fois l'Amérique, la gauche et la droite. Nous ne pouvons combattre sur trois fronts», a-t-il soutenu. Il a toutefois reconnu l'aggravation des problèmes économiques. «Mais nous ne pouvons pas abandonner nos objectifs en raison de difficultés passagères. Rappelez-vous ces temps de guerre, nos souffrances nous avaient finalement conduit à des victoires», a-t-il observé. Les sanctions américaines ont affaibli le président iranien qui espérait récolter les dividendes de l'accord de juillet. Ainsi, il se retrouve confronté au mécontentement populaire et aux attaques de ses opposants. Les 8 et 26 août sont limogés respectivement, après un vote de défiance du Parlement, les ministres du Travail et de l'Economie et des Finances. Fin août, l'Iran a plaidé devant la Cour de justice internationale (CJI) en faveur de la levée des sanctions américaines. Le lendemain, les Etats-Unis ont récusé la compétence de ladite Cour. Ce passé qui saisit le vif Le 1er février 1979, Khomeini entre à Téhéran, consacrant ainsi la naissance de la République islamique. Le 4 novembre de la même année, des étudiants occupent l'ambassade américaine, dont le personnel ne sera libéré que le 20 janvier 1981. En septembre 1980 est déclenchée la guerre irano-irakienne suite à l'agression des troupes de Saddam Hussein. Au paroxysme de ce conflit, éclate le scandale de l'Irangate. Il s'agit de vente secrète d'armes américaines à l'Iran. L'argent récolté sera versé aux contre-révolutionnaires nicaraguayens engagés dans une guerre contre le gouvernement sandiniste. En plus, les Américains comptent obtenir la libération de leurs otages au Liban. En octobre 1986, un avion américain transportant des armes pour les Contras s'écrase au Nicaragua. Les forces sandinistes capturent un pilote rescapé du crash, qui avoue les secrets de l'opération et donne les noms de ses architectes. En novembre de la même année, l'hebdomadaire libanais Al Shiraa révèle l'affaire et évoque le voyage du conseiller national à la Sécurité, Robert Mc Farlane, à Téhéran. Le scandale secoue même la présidence américaine. L'opération s'est déroulée en dehors du processus institutionnel, en violation de la Constitution, des décisions du Congrès et de l'esprit de l'opération «Staunch», destinée à empêcher Téhéran de s'approvisionner en armes même auprès des alliés de Washington. Nommé commandant en chef des forces armés, Hachemi Rafsendjani convainc Komeini d'accepter la résolution 598 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU), qui met fin à la guerre avec l'Irak en 1988. Khomeini meurt en juin 1989. Lui succède comme guide Ali Khamenei. Le nouveau guide tisse de forts liens avec Hachemi Rafsandjani qui finit par devenir président de la République. Ils appellent à la libéralisation économique, des réformes politiques et la reconstruction du pays. En juin 1992, pour trouver des capitaux, l'Iran adopte une loi sur l'investissement privé, les étrangers peuvent ainsi posséder la totalité d'une entreprise iranienne. Son successeur Mohammad Khatami est considéré lui aussi comme un réformateur. Mais cela n'empêche pas le président George W. Bush, en janvier 2002, de parler de l'«axe du mal» pour désigner les pays qui soutiennent le terrorisme et souhaitent se doter de l'arme nucléaire, à savoir l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord.