Les installations pétrolières iraniennes de l'île de Khark Le guide suprême, Ali Khamenei, a jugé le 13 août que ceux qui appellent au départ du président «font le jeu des ennemis». Il a toutefois critiqué le gouvernement pour sa gestion des problèmes actuels de l'Iran. Le président iranien Hassan Rohani a appelé à l'unité hier, au moment où l'Iran commence à faire face dans sa gestion aux tensions avec les Etats-Unis et à la crise économique. «Ce n'est pas le moment de se décharger de nos fardeaux sur les épaules de quelqu'un d'autre. Nous devons nous aider les uns les autres», a déclaré le président iranien, un modéré, lors d'un discours prononcé au mausolée de l'imam Khomeini, fondateur de la République islamique, et retransmis par les télévisions. «Les problèmes économiques et la résistance aux conspirations de l'étranger relèvent de la responsabilité de chacun d'entre nous» a-t-il ajouté. Les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement de l'accord international visant à limiter le programme nucléaire iranien et ont rétabli de lourdes sanctions contre Téhéran. Même si les Européens, la Chine et la Russie demeurent dans cet accord, plusieurs compagnies européennes ont annoncé qu'elles quittaient l'Iran en raison des sanctions américaines. L'économie iranienne souffre depuis des mois et la monnaie nationale, le rial, a chuté face au dollar tandis que les prix des denrées alimentaires ne cessent d'augmenter. Hassan Rohani voit son électorat, principalement composé d'Iraniens des zones urbaines favorables à des réformes, s'interroger de plus en plus tandis que les couches les plus défavorisées de la société ont protesté à plusieurs reprises face au marasme économique. Les critiques les plus virulentes sont venues des religieux du camp conservateur qui s'est toujours opposé au rapprochement avec l'Occident initié par le président. Le président a toutefois minimisé les dissensions avec les conservateurs: «Le clergé, les institutions religieuses et le gouvernement sont les uns aux côtés des autres». Avant d'ajouter un message semblant sonner comme un avertissement: «Personne ne peut marcher dans la mer sans s'attendre à avoir les pieds mouillés». Le guide suprême, Ali Khamenei, a jugé le 13 août que ceux qui appellent au départ du président «font le jeu des ennemis». Il a toutefois critiqué le gouvernement pour sa gestion des problèmes actuels de l'Iran. «Les problèmes de subsistance (que l'Iran affronte) aujourd'hui ne viennent pas de l'extérieur, ils sont internes», avait affirmé l'ayatollah Khamenei. «Nous sommes conscients de la peine et de la souffrance des gens et tous nos efforts visent à réduire ces problèmes», a insisté Hassan Rohani. D'autre part, un plan d'aide à l'Iran annoncé par l'Union européene ne fait qu'envoyer «le mauvais message» et aide le régime de Téhéran à «négliger les besoins de sa population», accusé vendredi Washington. Cette série de mesures en faveur de l'Iran, annoncée jeudi, vise à «soutenir le développement économique et social durable en République islamique d'Iran», selon la Commission européenne. Ce plan «envoie le mauvais message au mauvais moment», a jugé vendredi dans un communiqué le représentant spécial des Etats-Unis pour l'Iran, Brian Hook. Ces «aides extérieures de la part du contribuable européen perpétuent la capacité du régime à négliger les besoins de sa population», a-t-il ajouté. Mettre «davantage d'argent entre les mains de l'Ayatollah signifie (donner) davantage d'argent pour mener des assassinats dans ces pays européens eux-mêmes», a-t-il jugé. «Le peuple iranien fait face à des pressions économiques réelles dues à la corruption, la mauvaise gestion et l'investissement dans le terrorisme et les conflits à l'étranger de son gouvernement», a-t-il poursuivi. «Les Etats-Unis et l'Union européenne devraient travailler ensemble pour trouver des solutions durables qui soutiennent véritablement le peuple iranien et mettent fin aux menaces du régime à la stabilité régionale et mondiale», a-t-il conclu. La Commission européenne avait annoncé jeudi avoir «adopté une première série de projets pour un montant de 18 millions d'euros, dont 8 millions d'euros en faveur du secteur privé» en Iran. «Les projets adoptés (...) sont les premiers d'un ensemble de mesures plus vastes de 50 millions d'euros en faveur de l'Iran visant à assister le pays à faire face aux principaux défis économiques et sociaux», a précisé la Commission dans un communiqué. Après son retrait unilatéral de l'accord nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, Washington a rétabli début août une première série de sanctions contre Téhéran et lancé un avertissement aux pays qui persisteraient à commercer avec l'Iran.