La pollution de l'oued Agrioune continue d'inquiéter les défenseurs de l'environnement, tant le problème est tenace et dure depuis de longues années. La rivière, qui se déverse dans la Méditerranée, traverse plusieurs communes de l'est de la wilaya (Taskeriout, Darguina, Souk El Tenine, Melbou). Elle est souillée par des tonnes de déchets, dont ceux ménagers que l'on déverse impunément et parfois par grosses bennes. En période d'olivaison, une autre forme de pollution s'y ajoute, les huileries qui tournent à plein régime génèrent de la margine qui finit aussi dans le cours de la rivière. Exaspérées par ces atteintes répétées à l'environnement, des associations ont tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises et alerté les pouvoirs publics pour arrêter la catastrophe. La pollution menace aussi la santé des populations, d'autant que l'oued contient des forages, comme c'est le cas dans l'oued Soummam, qui n'est pas moins pollué. La source se trouvant à Bordj Mira est à l'intérieur de l'oued Agrioune. Une pétition circule sur le Net avec un texte interpellant Fatma Zohra Zerouati, la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables. «Arrêtez la catastrophe écologique de oued Aguerioune (Melbou, Béjaïa)», revendiquent les pétitionnaires, dont le nombre avoisinait, hier, les 5000 personnes. Cette pétition a été lancée il y a un an. Son initiateur, Belkacem Outemzabet, la relance parce que «le problème persiste et s'aggrave». En qualifiant le phénomène de «catastrophe écologique», les pétitionnaires notent que l'oued Agrioune «est devenu aujourd'hui l'emplacement par défaut de plusieurs décharges publiques et sauvages», en citant des décharges sauvages formées au niveau des communes de Kherrata, Taskriout et Darguina. «L'hiver approchant, tous les déchets seront emportés vers la mer, qui les rejettera sur les plages de Melbou et de Souk El Tenine, donnant une image désolante et honteuse à nos plages», peut-on lire sur le texte de la pétition. Les souillures subies par le littoral de la wilaya sont en partie dues au retour d'une pollution enregistrée en amont. La mer vomit sur nos plages une partie de toutes les saletés que les rivières lui font avaler. «Vivre en paix» Mais pour les signataires de la pétition, les décharges de la rivière ne sont pas toutes du même degré d'importance. Il y a comme une concurrence à la pestilence. «La plus dangereuse semble être celle de l'embouchure de oued Agrioune, dans la daïra de Souk El Tenine. Cette dernière, qui reçoit quotidiennement des tonnes de déchets ménagers des communes de Souk El Tenine et de Melbou, est devenue une véritable menace pour les habitants d'une dizaine de villages environnants», écrivent-ils. Cette situation se répercute négativement sur le cadre de vie des habitants de la région «où il est difficile de vivre en paix», notamment en été, où les chaleurs provoquent des odeurs et transforment les lieux en foyers de prédilection pour les rongeurs et les diptères. La pollution menace aussi la faune et la flore qui n'y est pas négligeable. La pétition rend compte aussi de la présence de «fumée émanant de la décharge publique se trouvant à l'embouchure de l'oued». «Pis encore, ce phénomène semble s'aggraver cette année puisque la fumée atteint désormais tous les quartiers et villages de Melbou, Tikhribine, Tizi Ouar et Souk El Tenine», se plaint-on, en mettant en valeur l'aspect touristique de la région qui ne saurait s'accommoder de cette situation de laisser-aller. Les pétitionnaires attendent de la ministre qu'elle ordonne l'arrêt des opérations d'incinération qui menacent la santé des riverains de la décharge de oued Agrioune «et de mettre en place des solutions de traitement respectueuses des habitants et de la nature». Parmi ces solutions, il y a la fermeture et le déplacement de cette décharge de l'embouchure. Il est espéré aussi de la part des autorités un plan de gestion des déchets «plus efficace», qui prenne en considération tous les aspects du dossier, de la collecte au traitement. «Une journée d'étude est prévue dans les semaines qui viennent, en collaboration avec des politiques et des juristes, des médecins, des experts de HSE et des écologistes. Cette manifestation scientifique, qui sera organisée par une association locale, sera sanctionnée par une déclaration et une liste de propositions», nous apprend l'initiateur de la pétition. Son espoir est de faire entendre le cri de détresse par les «hauts responsable par tous les moyens».