Elle fait de la mobilité interne et externe l'un des credos qu'il faut davantage investir. L'université Salah-Boubnider (Constantine 3) dresse la liste des priorités pour cette rentrée et celles qui suivront. Elle ambitionne de concrétiser au plus vite un projet dont elle a déjà défini les contours : l'éco-campus. Une vision moderne, qui privilégie la création et la sauvegarde des espaces verts, ainsi que l'instauration d'un environnement pédagogique serein et agréable. Ce qui est fort réalisable, au regard de ses acquis. Constantine 3 le plus grand pôle universitaire de tout le continent africain. Inaugurée il y a cinq ans, il change de stratégie pour acquérir la visibilité pédago-scientifique qui devrait lui seoir. La structure est impressionnante, implantée sur 170 hectares divisés en 30 parcelles. Elle compte une dizaine de facultés dont celles de médecine, architecture et sciences politiques, trois écoles nationales supérieures, 12 résidences universitaires de 2000 lits chacune et sept autres encore fermées. En matière d'infrastructures, l'université est bien équipée. Sur le plan pédagogique, elle s'implique dans des programmes de coopération avec des universités nationales et étrangères. Rien ne l'empêche donc d'amorcer un nouveau virage, car Constantine 3 s'est fait une mauvaise presse en raison d'innombrables problèmes qui ont jalonné son parcours depuis sa mise en service : insécurité, conditions pédagogiques, structures d'hébergement et de restauration décriées… les revendications de la communauté estudiantine étaient multiples et fort légitimes, mais les solutions ne suivaient pas. Des mouvements de grève ont aussi ponctué les cursus au sein de plusieurs facultés. Ce temple du savoir que les pouvoirs publics destinaient à l'entrée de l'université dans le XXIe siècle a échoué à se hisser au premier rang. L'absence de communication a scellé son sort pour n'être mentionné que dans la case des «faits divers». N'est-il pas temps de se défaire de cette image ? «Il n'est jamais trop tard, et nous nous attelons à changer la donne», répond le professeur Ahmed Bouras, qui tient les rênes de l'institution depuis une année. Il a la ferme intention, avec son équipe, de rompre avec la stratégie en cours auparavant en ouvrant les vannes de la communication, a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse, tenue lundi au siège de son rectorat. «Pas de visibilité sans communication» semble ainsi prendre tout son sens. VISITE MEDICALE POUR LES NOUVEAUX éTUDIANTS Fait nouveau pour la rentrée 2018-2019 : les nouveaux inscrits ont été soumis à une visite médicale. A priori, le dispositif préventif appliqué aux structures scolaires pour cette rentrée suite à l'épidémie de choléra est aussi valable pour les établissements de l'enseignement supérieur. «C'est une décision prise par la tutelle. Nous avons mis en place deux centres à cet effet, nous avons sur site une faculté de médecine, ce qui a permis d'effectuer l'opération en toute célérité. Pour les anciens, cela se fera durant l'année scolaire», a souligné le recteur. C'est ainsi que 91% des 2771 nouveaux bacheliers orientés vers Constantine 3 y ont été admis. Le nombre de diplômés est de 3399, dont la majorité est issue de la faculté de médecine. Autre remarque soulevée : le nombre de spécialités s'est réduit en raison de la conformité des diplômes. «Le ministère de tutelle a décidé de revoir certaines spécialités dont le contenu est similaire», est-il expliqué. C'est ainsi que ce campus comptabilise 37 spécialités pour cette année, 12 licences et 25 mastères. Pour régler le problème des publications inhérentes à la soutenance des doctorats, l'université Constantine 3 a créé deux revues, l'une scientifique, la seconde dédiée aux sciences humaines. Il ne reste que l'aval de la tutelle. Et à ce propos, il y aurait l'ouverture de 9 postes de doctorat dans différentes facultés et 10 dans celle de génie des procédés. L'université Constantine 3, à l'instar de nombre d'institutions, est soumise à une cure d'austérité. Point de recrutements pour cette année. Selon le le Pr Bouras, pour combler certaines vacances dans l'encadrement pédagogique, il a fallu recourir aux reliquats post-budgétaires et au transfert de certains enseignants des autres universités, il en résulte 20 postes nouveaux et 30 en encadrement administratif. CONVENTIONS INTER-UNIVERSITAIRES L'université Constantine 3 dispose d'un agenda chargé en matière de coopération scientifique. Elle aspire à renforcer ses programmes d'échanges et de mise en place de diplômes professionnalisants. «Nous travaillons pour consolider et optimaliser les conventions nationales et internationales bilatérales et multilatérales», a indiqué le conférencier. En d'autres termes, instaurer une nouvelle approche en la matière, à l'image de la convention avec l'université de Mostaganem, pour consolider la collaboration dans les domaines de l'architecture, la médecine, les arts et la culture, le génie des procédés. Autre convention importante : celle établie avec l'université de Strasbourg (France). «En juin dernier, une délégation s'est déplacée à Strasbourg pour faire le bilan et préparer une feuille de route pour la reconduction de la convention qui porte sur des avenants en médecine et chirurgie dentaire. Sur ces cinq dernières années, Strasbourg nous a aidés à la formation des formateurs en géomatique», a expliqué le vice-recteur chargé des relations extérieures et coopération, Chaouki Benabbas. Dans le cadre du programme Erasmus, un projet «Changements autour du Bassin méditerranéen» avec plusieurs partenaires français, espagnols, italiens, marocains et tunisiens s'étalera de la mi-janvier 2019 à 2022. Avec l'université française de Valenciennes, une convention a été signée il y a deux ans, portant sur le projet «Architecture et communication en ville». En parallèle, le volet mobilité avance progressivement. Trois étudiants ont bénéficié de bourses de cinq mois en Lituanie, d'autres à Porto, au Portugal. Cerpendant, la plus importante expérience est celle inscrite dans le cadre du mastère «gestion des déchets et économie circulaire» en partenariat avec le centre GIZ et l'université de Rostock (Allemagne). «Nous privilégions les conventions par université et non par faculté», note le vice-recteur, qui indique, dans ce sillage, un autre projet avec l'Onudi pour l'instauration d'un mastère international en développement industriel. STRUCTURES ET EQUIPEMENTS Par le passé, les étudiants en chirurgie dentaire se sont joints au mouvement de contestation périodique de leurs camarades étudiants en médecine, pour dénoncer, entre autres, le manque de fauteuils dentaires, des équipements indispensables aux cours pratiques de leur cursus. Ce problème semble désormais surmonté. «Les services de chirurgie dentaire ont été renforcés avec 10 fauteuils dentaires, d'un coût de 1,2 milliard de centimes, l'année dernière, il y a eu le même nombre d'acquisitions», selon le premier responsable, qui annonce dans la foulée l'exploitation dès cette rentrée des centres audiovisuels, centres de conférences et vidéo-cinémas, ainsi que l'installation de certains services d'utilité, tels la Poste, la Cnas et les opérateurs téléphoniques, afin d' épargner certains déplacements aux étudiants. Concernant le problème du transport, qui se pose pour certains étudiants, une solution temporaire a été trouvée avec l'Entreprise des transports de Constantine (ETC) : un bus de cette régie communale récupère les étudiants au niveau du terminus du tramway et les dépose à l'intérieur de l'université. Le problème sera complètement aplani une fois l'extension du tramway mise en exploitation, dans quelques mois, a-t-on encore soutenu. VERS UN INCUBATEUR DE L'INNOVATION CULTURELLE «Constantine 3 est la première université algérienne à s'être spécialisée dans les arts», a rappelé le doyen de la faculté des arts et de la culture. Cette position lui confère un cachet particulier, à telle enseigne que l'idée de création d'un incubateur culturel s'est imposée. Une idée qui est en phase de gestation et les responsables ont insisté sur sa concrétisation prochaine. Les activités sportives ne sont pas négligées. Selon le chargé de ce volet, la 4e édition du marathon a vu la participation de 27 universités. D'autres manifestations ont régulièrement lieu, à l'exemple de la compétition de jeux d'échecs, qui en est à sa deuxième édition, ainsi que la participation dans d'autres compétitions culturelles, comme celles du monologue Cirta Show ou encore sportives (judo, karaté et natation). L'étudiant a en outre la possibilité de suivre des formations en infographie, en premiers secours ou tout simplement de participer à des campagnes de reboisement.