Le foyer pour personnes âgées et handicapées de la ville de Skikda, communément appelé hospice, va enfin être rénové. La structure, qui remonte à l'ère coloniale, fut réalisée en 1896. Depuis, c'est un foyer qui accueille les personnes âgées, les handicapés physiques, ou mentaux, ou autres personnes en détresse, souvent rejetées par leurs proches. En dehors de quelques bricolages, entamés ici et là pour colmater les brèches, la structure n'a pas connu de travaux de réfection, finissant par se dégrader au fil du temps. L'expertise établie par le CTC l'année dernière avait estimé que la bâtisse menaçait ruine, et qu'il était plus qu'urgent de rénover les lieux. Selon les pensionnaires « c'est surtout en hiver que c'est plus dur ; certaines salles sont complètement inondées par les eaux pluviales ». La directrice du centre, Mme Bouaâkrife, confirme leurs dires en expliquant : « La structure est très vétuste. L'affaissement du sol et les infiltrations d'eau nous ont causé pas mal de fâcheux incidents ». Et d'ajouter : « Nous avons entamé des démarches auprès de la direction de l'action sociale et nous avons réussi à décrocher une première enveloppe de 300 MDA (millions) pour la rénovation et l'équipement du foyer ; les travaux devraient être entamés au cours de cette année ». A l'issue de ces travaux, l'aspect de la structure devrait être donc plus moderne, et l'atmosphère des lieux devrait s'en ressentir. « Nous souhaitons créer un climat chaleureux pour nos pensionnaires. Les dortoirs seront remplacés par des chambres sinon des boxes, afin que leur intimité soit respectée », expliquera notre interlocutrice. Une simple visite au foyer a suffi d'ailleurs pour constater l'état de délabrement des lieux ; fait qui préoccupe les pensionnaires rencontrés, qui espèrent qu'on « reconstruira leur unique maison ». « Nous ne manquons ni de nourriture ni de vêtements, nous sommes bien pris en charge et nous voulons seulement un endroit décent pour finir nos jours », dira Yamina, une pensionnaire. Qu'elles aient été abandonnées ou victimes de conflits familiaux, ces personnes, même si leurs histoires différent, ont toutes un point commun, celui d'avoir été privées d'affection et de chaleur familiale. La plus ancienne des pensionnaires, « Amti » Fatima, a été hébergée en 1957. Elle raconte qu'elle avait été abandonnée par sa famille durant la période coloniale, expliquant : « Je suis handicapée de naissance et mes parents ne pouvaient pas me prendre en charge. Pour fuir la guerre, ils m'ont abandonnée dans notre maison à Zitouna. Je suis restée plus de quinze jours seule, avant qu'un militaire ne vienne me secourir. Ensuite j'ai été placée dans ce foyer ». Selon la psychologue, Mme Sbaghdi, « ces personnes ont été fragilisées par leurs vécu ; la cohabitation n'étant pas toujours évidente, elles sont suivies par un encadrement psychopédagogique qui veille à leur stabilité ». « En cas de conflits, ajoute-elle, nous essayons toujours d'être à leur écoute tout en leur prodiguant des conseils ; c'est un travail de longue haleine qui se fait au quotidien ». Des activités sont, par ailleurs, proposées aux 62 pensionnaires du foyer ; les femmes préfèrent la couture ou la broderie, et les hommes plutôt le jardinage. Ces occupations agissent comme une thérapie sur ces personnes. Une manière de surmonter le handicap, qu'il soit mental ou physique.