Merci au président de la République qui veille au grain pour que les logements soient distribués à temps !», a déclaré, mercredi, Abdelwahid Temmar, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, à la salle de conférence de la wilaya de Blida, où les portraits de Abdelaziz Bouteflika étaient omniprésents, et ce, à l'occasion de la remise des clés à quelques souscripteurs AADL 2001/2002. La question qui se pose : comment ce ministre a ‘‘osé'' lancer des remerciements pareils alors que l'attente a trop duré pour des milliers de familles qui espéraient avoir leur logement dans les délais, soit au maximum trois ans après leur souscription, comme cela a été convenu à l'époque. Mais ce n'est que dix-sept ans après qu'ils ont leurs clés, et encore, puisque nombreux sont les souscripteurs de cette période qui attendent encore leur logement. Le comble, c'est que ces derniers n'ont même pas eu droit à des excuses… «L'attente a vraiment trop duré, malheureusement la joie d'aujourd'hui n'est pas à son comble. C'est l'AADL qui m'a causé une hypertension artérielle en raison du stress et d'une attente qui aura duré plus de quinze ans», témoigne une bénéficiaire les larmes aux yeux. A la salle de conférence, le ministre lance une autre bavure : «Nous félicitons tous les souscripteurs chanceux qui sont parmi nous aujourd'hui pour avoir leur clé». L'AADL, est-ce une affaire de chance ou de droit ? Et le ministre n'hésite pas à rassurer que tous les souscripteurs ayant payé la première tranche auront un logement, mais pour quand? Personne ne le sait ! A Blida, sur les 20 000 souscripteurs, moins de 10 000 connaissent plus ou moins leur sort car leurs logements sont en construction, mais avec beaucoup de retard puisque le taux d'avancement des 7000 logements de Sidi Serhane, dont le coup d'envoi a été donné en 2015 par le Premier ministre de l'époque, Abdelmalek Sellal, ne dépasse pas les 60%. A vrai dire, l'AADL a toujours été synonyme de «mensonge», une agence qui ne semble jamais respecter les délais. «Tous les souscripteurs du programme AADL 2001-2002 auront leurs logements avant la fin de l'année 2016», avait pourtant rassuré, au mois de mars 2016, Abdelmadjid Tebboune lorsqu'il était aux commandes du secteur de l'Habitat. Aussi, et au mois de juillet 2017, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville de l'époque, Youcef Cherfa, a annoncé à Blida que la livraison de 16 000 logements de type location-vente AADL était programmée à partir du mois de septembre de la même année (progressivement) à Bouinan. A ce jour, cette «promesse» n'est pas encore tenue ! Le même ex-ministre, qui se retrouve wali de Blida depuis quelques jours, va-t-il booster la cadence des travaux et le choix de nouvelles assiettes pour pouvoir satisfaire les 20.000 souscripteurs? La pose de la première pierre, mercredi, à Bouinan par le ministre de l'Habitat, pour la construction de 1675 logements sur un programme de 6000 nouveaux logements, sera-t-elle suivie par des travaux de réalisation effectués dans les délais ? Les souscripteurs devront-ils attendre une dizaine d'années pour espérer avoir les clés de leurs logements ? Pour rappel, au mois de janvier 2017, soit il y a presque deux ans, et en répondant à une question orale posée à l'APN par un député de Blida sur le choix des sites dans la wilaya de Blida, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville de l'époque, M. Abdelmadjid Tebboune, a rassuré que «la nouvelle ville de Bouinan, dans la wilaya de Blida, est ouverte à tous les Algériens, mais la priorité est accordée aux souscripteurs de cette wilaya». Voilà une autre promesse non tenue, puisque tous les logements achevés à Bouinan et relevant de l'AADL 2 sont destinés aux Algérois. Les souscripteurs de Blida ont été orientés vers le site de Sidi Serhane, sur les hauteurs de Bouinan, et à Saf Saf, sur les hauteurs de la commune de Meftah. D'autres assiettes prévues pour accueillir les logements AADL au profit des souscripteurs de la même wilaya font l'objet de litiges.