Alors que des camions remplis de vivres sont bloqués dans le port d'Al Hodeïda depuis plusieurs jours, les enfants meurent de faim et de maladies. Ainsi est le constat fait vendredi par le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) sur la situation des enfants dans les hôpitaux de la ville portuaire d'Al Hodeïda ainsi que dans la capitale Sanaa, relayé par les médias. Deux théâtres de combats entre les insurgés houthis et la coalition menée par l'Arabie Saoudite. «Nous avons des preuves qu'au Yémen, toutes les dix minutes, un enfant de moins de cinq ans meurt de maladies qui peuvent être soignées», a déclaré le directeur de l'Unicef pour le Moyen-Orient, Geert Cappelaere à Al Hodeïda. Selon les Nations unies, environ 14 millions de personnes, soit la moitié de la population du Yémen, pourraient bientôt se retrouver au bord de la famine. Déjà 1,8 million d'enfants sont malnutris et plus de 400 000 d'entre eux souffrent de malnutrition aiguë sévère. «Mais il y a plus. De nombreux enfants meurent de maladies évitables par la vaccination. Aujourd'hui, au Yémen, seuls 40% des enfants sont vaccinés», a-t-il poursuivi. La rougeole, le choléra et la diphtérie peuvent être mortels pour les enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, notamment en cas de malnutrition. Selon Geert Cappelaere, «à cause de cette guerre cruelle, à cause d'obstacles et d'obstructions qui sont faits, il n'est malheureusement pas possible de faire grand-chose de plus». «Nous ne sommes peut-être pas encore au niveau de la famine, mais nous ne devrions pas attendre… pour avancer et faire pression sur les parties au conflit pour qu'elles mettent fin à cette guerre insensée», a-t-il ajouté. L'émissaire de l'Organisation des Nations unies (ONU), Martin Griffiths, a pour objectif d'organiser des pourparlers de paix ce mois-ci afin d'arriver à arracher un cessez-le-feu au Yémen. Dans le même temps, des combats font rage depuis jeudi à Al Hodeïda entre les rebelles houthis et les forces progouvernementales qui ont mené des dizaines de frappes aériennes sur cette ville. Ces affrontements ont pour conséquence de bloquer la circulation des marchandises. Ainsi, sept camions transportant du matériel médical et des médicaments vitaux ont été bloqués dans le port de la ville pendant deux semaines, en attente de dédouanement après leur déchargement, a indiqué Geert Cappelaere. Les autorités houthies ont donné leur feu vert, vendredi, au départ des camions et les marchandises vont être distribuées, a déclaré une porte-parole de l'Unicef. Poursuite des combats De son côté, la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite a annoncé avoir aussi lancé vendredi des raids sur une base aérienne proche de l'aéroport international de Sanaa, régulièrement visé par l'aviation de la coalition. Mais, selon un porte-parole saoudien, l'aéroport est toujours ouvert aux activités aériennes des Nations unies et de leurs agences de secours. Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a lancé un appel à l'arrêt des combats au Yémen, parlant d'un pays «au bord du gouffre». «Sur le plan humanitaire, la situation est désespérée. Nous devons faire tout notre possible pour empêcher que les conditions déjà désespérées ne se détériorent encore», a-t-il déclaré. Le Yémen est ravagé par une guerre qui a fait quelque 10 000 morts, selon le dernier bilan de l'ONU, et où plus de sept millions d'enfants font face à un risque sévère de famine. Les Nations unies ont appelé les belligérants à s'asseoir à la table des négociations d'ici un mois, après avoir tenté sans succès en septembre d'organiser des pourparlers de paix à Genève. Mardi, les Etats-Unis, à travers les déclarations successives du secrétaire à la Défense, Jim Mattis, et du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, ont appelé à la fin de la guerre. Aussi, Washington réclame l'ouverture de négociations de paix d'ici 30 jours. Néanmoins, il exige que le premier pas soit fait par les rebelles houthis. L'armée américaine fournit une aide logistique à l'Arabie Saoudite et aux Emirats, et partage avec eux des renseignements. Dans la nuit du 25 au 26 mars 2015, l'Arabie Saoudite, à la tête d'une coalition arabe, a lancé une opération militaire aérienne au Yémen contre les rebelles houthistes, minorité zaydite d'obédience chiite. Objectif : chasser les Houthis de la capitale Sanaa, qu'ils occupent militairement depuis septembre 2014, et rétablir le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Riyad. Sur le plan régional, l'offensive vise à contrer l'influence de l'Iran.