La guerre au Yémen entame sa 4e année, depuis le début des opérations militaires de la coalition arabe sous commandement de l'Arabie saoudite en mars 2015, avec une crise humanitaire sans précédent et d'énormes difficultés à établir une paix qui garantit aux Yéménites une vie normale. Le conflit au Yémen s'est internationalisé le 26 mars 2015, c'est à cette date qu'une coalition de 9 pays arabes dirigée par l'Arabie saoudite a décidé d'intervenir militairement pour contrer l'avancée au sud des éléments du mouvement armé Ansarullah (Houthis) alliés de l'ancien président Ali Abdellah Saleh, tué début décembre, qui se sont emparés de la capitale Sanaa d'autres secteurs en septembre 2014. Les pays étrangers dont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont lancé l'opération "tempête décisive" pour donner un appui logistique aux opérations militaires de la coalition, et la Somalie a ouvert son espace aérien et ses eaux territoriales au profit de ces opérations. Après trois ans, aucun changement sur le plan géopolitique Après trois ans de guerre, sur le plan politique, les négociations de paix sont au point mort après plusieurs tentatives infructueuses des Nations unies en 2016. Le conflit, qui a déjà fait plus de 10000 morts, est dans l'impasse et les négociations de paix menées par l'ONU ont toutes échoué. Samedi, un nouvel envoyé spécial de l'ONU au Yémen, le troisième en trois ans, le Britannique Martin Griffiths, est arrivé à Sanaa, sa tâche s'annonce délicate face à l'absence d'engagement des parties à faire des concessions. Le 23 août 2017, les Houthis ont qualifié de "traître" l'ex-président Saleh pour les avoir présentés comme des "miliciens". Fin novembre, la crise dégénère à Sanaa, où de violents combats éclatent entre alliés. La semaine dernière, Amnesty International a accusé des pays occidentaux de fournir des armes à l'Arabie saoudite et ses alliés qui se rendent coupables de "crimes de guerre potentiels", affirmant avoir documenté 36 raids aériens de la coalition qui ont tué 513 civils et accuse les Houthis d'avoir visé "de manière indiscriminée" des zones résidentielles. Le conflit, facteur de l'insécurité alimentaire Le conflit au Yémen a eu des effets dévastateurs sur la sécurité alimentaire et sur les moyens d'existence de près de 80 pour cent des ménages qui ont confirmé, selon le rapport de la FAO, que leur situation économique avait empiré depuis la crise. Depuis l'escalade de la crise, Taïz et Al Hudaydah, traditionnellement des gouvernorats producteurs de denrées alimentaires, ont été le théâtre d'intenses actes de violences, insistent les auteurs du rapport. "Ces deux gouvernorats présentent les taux les plus élevés de malnutrition aiguë globale dans le pays, avec des chiffres allant de 17 pour cent à Taïz à 25 pour cent pour Al Hudaydah", a indiqué M. Salah Hajj Hassan, Représentant de la FAO au Yémen. Le seuil d'urgence fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 15 pour cent. Quant à Stephen Anderson, Représentant du PAM et Directeur du Bureau de pays au Yémen, il a estimé que "la situation s'était rapidement détériorée depuis l'escalade du conflit il y a deux ans". "La situation actuelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Yémen est dramatique et requiert des ressources financières importantes en mesure d'apporter immédiatement une aide alimentaire et nutritionnelle adéquate et durable, ainsi que d'autres services à ceux qui en ont le plus besoin afin d'éviter qu'ils ne sombrent dans la famine", a-t-il déclaré. "Nous faisons face aux taux les plus élevés de malnutrition aiguë jamais enregistrés dans l'histoire du Yémen. Parmi les 2,2 millions d'enfants souffrant de malnutrition aiguë, 462 000 souffrent de malnutrition grave et aiguë. Le Yémen devrait être frappé d'une nouvelle épidémie meurtrière de choléra d'ici à quelques mois, a averti de son côté, Geert Cappelaere, directeur de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Geert Cappelaere a rappelé que plus d'un million d'enfants avaient été atteints du choléra l'année dernière en raison du manque d'accès à l'eau et à la vaccination et qu'un enfant yéménite mourait toutes les 10 minutes de maladies évitables. "Ne nous leurrons pas, le choléra va revenir. Dans quelques semaines, la saison des pluies va recommencer et sans un investissement énorme et immédiat, le choléra frappera à nouveau les enfants yéménites", a-t-il déclaré dimanche cité par The Guardian. 1. Cappelaere a signalé que l'Unicef avait dû négocier pendant des mois avec les deux parties du conflit pour obtenir la permission de lancer un programme de vaccination. La guerre a fait près de 10.000 morts et plus de 53.000 blessés. Elle a provoqué la pire crise humanitaire actuelle dans le monde, selon l'ONU. Plus de huit millions de Yéménites sont confrontés à des risques de famine dans ce pays d'un peu moins de 30 millions d'habitants, le plus pauvre du Moyen-Orient.