La crise humanitaire au Yémen, pays en guerre et en proie à la famine, a alerté dimanche le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). «Aujourd'hui, il est juste de dire que le Yémen est l'un des pires endroits sur terre pour être un enfant», a affirmé Geert Cappelaere, directeur régional de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.«Deux millions d'enfants au Yémen souffrent de malnutrition aiguë (et) presque tous les petits garçons et filles yéménites» ont désespérément d'assistance humanitaire, a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse dans la capitale jordanienne Amman. «Nous estimons que toutes les 10 minutes un enfant meurt au Yémen de maladies pouvant être évitées», a ajouté le représentant onusien. «La guerre au Yémen est malheureusement une guerre contre les enfants», a indiqué M. Cappelaere, soulignant que près de 5 000 enfants avaient été tués ou gravement blessés depuis mars 2015. «Des milliers d'écoles et de centres de santé ont été endommagés ou entièrement détruits», a-t-il ajouté. L'ONU, qui dit craindre «la plus grande famine» de ces dernières décennies au Yémen, a appelé cette coalition à lever rapidement le blocus qu'elle impose à ce pays, faute de quoi «des milliers de victimes innocentes» vont «mourir». Samedi, un avion chargé d'aide humanitaire affrété par l'Unicef a atterri à Sanaa, pour la première fois depuis le renforcement début novembre du blocus en réponse à un tir de missile des Houthis intercepté au-dessus de Ryadh. Mais le port de Hodeida (ouest), par où transitent les cargaisons de nourriture et de médicaments, reste fermé, déplorent des responsables de l'ONU. 1ere cargaison d'aide alimentaire entre dans un port sous contrôle rebelle Un navire chargé de blé a pénétré dimanche dans un port de l'ouest du Yémen, la première cargaison d'aide alimentaire à entrer dans une zone sous contrôle rebelle depuis près de trois semaines, selon une responsable de l'ONU. Quelque 25 000 tonnes de blé seront déchargées lundi matin à cause de «vents violents» empêchant le déchargement dimanche, a indiqué Abir Atifa, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Le navire est arrivé au port de Salif, situé à environ 70 km de celui de Hodeida. Ce dernier, également sous le contrôle des rebelles houthis, est la principale voie d'entrée des aides de l'ONU, et le plus proche de la majorité des Yéménites dans le besoin. Le Yémen est le théâtre depuis 2014 d'une guerre sanglante opposant les Houthis aux forces gouvernementales. Les rebelles se sont emparés en septembre 2014 de la capitale Sanaa et le conflit s'est intensifié lorsqu'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite est intervenue au Yémen en mars 2015, en soutien aux forces du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Le 6 novembre, la coalition a renforcé le blocus --maritime, terrestre et aérien-- qu'elle impose au Yémen après le tir d'un missile balistique par les rebelles en direction de l'Arabie saoudite. L'engin avait été intercepté au-dessus de l'aéroport international de Ryad. Après des appels pressants de l'ONU, la coalition sous commandement saoudien avait annoncé mercredi la réouverture du port de Hodeida et de l'aéroport de Sanaa pour l'aide humanitaire. Samedi, un avion chargé d'aide humanitaire affrété par l'Unicef avait atterri à Sanaa, une première depuis le renforcement du blocus. Mais le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU a fait savoir que les cargaisons de nourriture et de médicaments destinées à être livrées dans le port à Hodeida étaient toujours bloquées. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le conflit au Yémen a fait plus de 8 750 morts et 50 600 blessés depuis 2015, dont de nombreux civils. Le pays connaît «la pire crise humanitaire de la planète», selon l'ONU qui a averti que sept millions de Yéménites se trouvent au bord de la famine.