En s'y rendant, et après avoir quitté l'artère principale de Hammam Dalaâ et parcouru une vingtaine de mètres en empruntant la rue qui lui est perpendiculaire, on est aussitôt envahi par des puanteurs qui se dégagent d'un local, qui s'avère être l'abattoir communal. Là, le décor est planté et explique l'intensité des odeurs nauséabondes qui empestent tout l'environnement. Les déchets retirés des entrailles des bêtes égorgées la veille s'amoncellent le lendemain çà et là. Les boyaux éparpillés dans un désordre indescriptible rendent l'endroit répugnant. Une carcasse ayant tout l'air de celle d'un bélier, suspendu et en phase d'être vidée de ses organes, des peaux de moutons étalées à même le sol pour être séchées et d'autres empilées prêtes à être livrées… L'eau, coulant avec un faible débit à partir d'une citerne placée sur le toit de la tuerie, est presque inexistante. A voir de près ce milieu sordide, personne ne peut imaginer un seul instant que la viande qui en sort est destinée à la consommation. «En cette période de forte demande, pas moins de 10 bêtes sont abattues quotidiennement dans cette tuerie, pour être livrées et vendues dans les boucheries de la ville de Hammam Dalaâ et peut-être ailleurs», dira avec amertume le vétérinaire de la commune rencontré sur les lieux, visiblement affecté par l'état de cet abattoir. Il ajoutera : «Ce lieu ne se prête plus pour être une tuerie, devenant un milieu contaminant surtout qu'il se trouve en zone urbaine et l'évacuation des déchets ne s'opère pas dans les meilleures conditions par le fait que la conduite d'évacuation, étant de faible dimension, ne supportant pas le volume des déchets rejetés, se bouche déjà à 30 m plus loin, infestant les riverains par le débordement récurrent des déchets et les empoisonnant par des odeurs qu'on sent à 500 m des lieux» . Face à cela, le vétérinaire s'est trouvé désarçonné par la situation délétère de la tuerie et l'insouciance des responsables. Les rapports établis à ce propos décrivent avec détail le caractère sordide du lieu, et son insalubrité patente, la prolifération d'insectes, de bestioles innommables s'incrustant partout, et l'absence totale du personnel chargé de l'hygiène. Il est également précisé dans l'un de ces rapports adressé au P/APC, daté du 4 juillet 2004, que toutes les conditions sont réunies en cette période de chaleur pour l'apparition de graves maladies, et qu'il est devenu impérieux, lit-on, de prendre les mesures qui s'imposent pour remédier à cela. A notre passage sur les lieux, nous constatons que la situation n'a nullement connu une quelconque prise en charge en matière d'hygiène et que rien ne semble perturber la quiétude des services de l'APC de Hammam Dalaâ. Pis encore, l'APC semble être plus encline à encourager ces foyers contaminants, en louant des locaux, nous dira un habitant de ce quartier, à des commerçants de volailles qui ne s'embarrassent pas de s'adonner à l'abattage et à l'éviscération des poulets dans ces mêmes locaux, polluant de facto le milieu et empoisonnant l'atmosphère par les émanations d'odeurs malsaines. Cette activité, s'exerçant en toute impunité, constitue en fait une agression contre les riverains, obligeant les uns à se cloîtrer et les autres à fuir systématiquement le lieu. Le cas de Smaïl L. est édifiant qui, ne supportant plus cette situation, a mis en vente le centre commercial et son habitation.