L'Iran qui fête son trentième anniversaire, il fait toujours face à des sanctions internationales, officiellement du moins, ce qui ne l'a pas empêché d'accéder dans le cercle très fermé du lancement des fusées ou plus simplement des satellites. Le moins que l'on puisse en dire, c'est qu'il s'agit d'un marché très lucratif, nécessitant une technologie de pointe. Rappelons-nous la guerre avec l'Irak durant laquelle l'armée iranienne n'était pas aussi privée d'armements que le laissait penser le blocus sur l'armement, notamment les armes américaines dont était équipé l'Iran du shah. On disait alors que ses avions de combat, américains bien sûr, des F5, étaient cloués au sol faute de pièces et que cette armée de l'air était devenue obsolète. Mais les voies du trafic d'armes étant ce qu'elles sont, l'Irangate, ce fameux scandale dans lequel était impliqués de hauts responsables américains, a permis de comprendre à quel point les failles étaient grandes et qu'il y avait quelque chose d'amoral dans cette guerre, puisque constatait-on, les marchands d'armes vendaient aux uns et aux autres. « Tuez-vous les uns les autres jusqu'à l'extermination », semblait alors être le mot d'ordre. A priori seulement, car l'implication de responsables américains de haut rang renvoie à d'autres considérations, amenant à s'interroger sur les rapports réels entre les deux pays. Très officiellement, il n'en existe plus, depuis la chute du shah et l'occupation de l'ambassade des Etats-Unis par les gardiens de la Révolution. Les deux pays ont même développé une rare hostilité qui accompagnera ce qui tient lieu de relation durant ces trente dernières années. Mais, dira-t-on encore, l'Irangate n'a duré qu'une période, et après, c'est-à-dire notamment à la fin de la guerre avec l'Irak qui a pris fin officiellement en 1988 ? Ou inversement, y a-t-il eu d'autres Irangate pour que l'Iran franchisse d'autres seuils ? Et avec qui ? On disait alors de l'Iran qu'il était laminé par la guerre et que les prix extrêmement bas (à l'époque) du pétrole, sa principale ressource, étaient loin d'aider à sa reconstruction. Ce qui ne l'a pas empêché de faire preuve d'intransigeance. Il en est ainsi de son refus d'évacuer les îles Abou Moussa que l'Etat des Emirats arabes considère comme les siennes. Et depuis quelques années, d'arrêter le processus d'enrichissement de l'uranium, lequel, selon les analystes occidentaux, constitue une étape vers l'acquisition de l'arme atomique. C'est pour cette raison que les Etats-Unis ont voté, en 1996, une loi pénalisant, selon eux, ce qu'ils appellent les « Etats voyous », mais visiblement leurs alliés traînaient les pieds. Ces derniers craignaient pour leurs intérêts en Iran, notamment dans le domaine énergétique, un secteur où, on le constate aujourd'hui, la course est devenue serrée avec des besoins sans cesse accrus et des réserves en baisse. Il reste que cette question des sanctions ou encore de l'embargo ne fait pas l'unanimité et de nombreux pays ne se sentent même pas concernés. Parce qu'ils ne partagent pas l'approche des Etats-Unis et leurs accusations, ces derniers utilisent jusqu'au levier diplomatique pour empêcher que le Conseil de sécurité donne l'habillage international à ces décisions. C'est ce qui explique la décision d'un pays comme la Russie de poursuivre sa coopération avec l'Iran et même d'annoncer la prochaine mise en service de la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr, construite avec les Russes.