C'est ainsi que quantités de viandes provenant de ces abattages sont chaque jour écoulées sans que les services de contrôle arrivent à tout saisir, en dépit des multiples interventions qu'ils effectuent dans les endroits où ces viandes sont débitées. Si le phénomène est observé dans les marchés hebdomadaires et selon les communes rurales, celui-ci trouve son explication selon l'absence d'abattoirs dans la quasi-totalité des villes. En effet, seule la ville de Médéa dispose d'un abattoir fonctionnant dans les normes requises d'hygiène et de surveillance du cheptel présenté à l'abattage. Par contre, il n'est recensé que des tueries dans 11 communes, alors que 6 autres localisées dans des agglomérations ne sont plus fonctionnelles, et donc délaissées ou occupées par des familles et ainsi détournées de leur vocation. Cette situation a requis un surcroît de travail aux équipes de contrôle et des bureaux d'hygiène dotés de vétérinaires pour sillonner les marchés des 64 communes. L'ampleur du phénomène de l'abattage clandestin est telle que les brigades mixtes ont dû effectuer 5274 interventions au cours de l'exercice écoulé et procédé à d'importantes saisies de viande de qualité douteuse et donc impropre à la consommation. Quelque 658 kg de viande ont même été saisis au niveau de l'abattoir et des tueries par les vétérinaires qui y ont pu déceler la présence de certaines maladies infectieuses. Il en a été ainsi d'une quantité de 189 kg d'organes et autres abats soupçonnés d'être impropres à la consommation. L'inspecteur vétérinaire rapportera qu'il a dû saisir, en un seul jour, lors du Ramadhan dernier, 7 carcasses non estampillées et proposées en tant que viande d'agneau, tout en étant mélangées à des carcasses d'agnelles. Cette année encore, les brigades de contrôle doivent mener une lutte continue contre l'abattage clandestin par la multiplication des inspections des boucheries et autres endroits de vente de la viande, le contrôle des établissements de manipulation des denrées animales et d'origine animale, des moyens de transport de ces denrées et le respect de la chaîne de froid, conformément au dispositif mis en place à la veille du mois sacré. On se rappellera aussi cet incident dont a été victime le chef du bureau d'hygiène de la commune de Bouaïche, au sud de la wilaya. Même accompagné d'un vétérinaire et de 2 agents de la répression des fraudes, celui-ci a failli se faire molester par un vendeur de viande quand il lui exigea de présenter son registre du commerce. Cependant, la question qui vient à l'esprit est celle de savoir si l'importation de la viande fraîche va atténuer le phénomène de l'abattage clandestin ? Cela aussi reste à vérifier si l'on sait que la disponibilité de la viande congelée n'a toujours pas eu d'effet sur le phénomène qui dure depuis quelques années déjà.