George W. Perkins, porte-parole du groupe américain Northrop Grumman, est aussi vice-président de ce géant de l'électronique, de l'aérospatiale et de la défense. George W. Perkins a fait partie pendant 26 ans de la US Navy (marine). Quels sont les objectifs de l'Algerian Industries Development Group (AIDG, groupe algérien de développement des industries) que vous lancez aujourd'hui (jeudi 13 janvier) ? Northrop Grumman fait des affaires en Algérie depuis six ans. Nous avons remarqué que les Algériens ont l'expertise, du talent, des connaissances et un savoir-faire pour la technique et les infrastructures. Il peut y avoir un travail complémentaire entre les besoins de l'Algérie et notre groupe. Nous voulons établir un partenariat avec les citoyens. On n'est pas là pour faire des affaires, vendre et repartir. On veut créer des relations durables. Il faut travailler pour le long terme. Nous avons ciblé quatre secteurs (le médical, la communication, l'électronique, et les infrastructures, ndlr). Cela s'est fait sur la base de l'étude des besoins spécifiques de l'Algérie et des domaines dans lesquels nous sommes spécialisés. Notre but est de créer des emplois et de lancer des affaires qui peuvent contribuer à la croissance de l'économie algérienne. Le but n'est pas de créer des filiales de Northrop Grumman mais de mettre sur place des entreprises algériennes à 100 %. Notre but est d'apporter l'assistance technique, des conseils pour l'investissement pour s'assurer de la bonne exécution, pour la réussite et atteindre l'autosuffisance. Une fois les entreprises lancées, Northrop Grumman se retirera. Quel sera le rapport de votre groupe avec les entreprises lancées ? Nous allons prendre des parts à moins de 50 % dans les entreprises créées. Dès que l'entreprise se développe et prend de l'essor, le groupe américain se retire. L'entreprise sera alors à 100 % propriété algérienne. Nous voulons développer des relations d'affaires et apporter quelque chose en termes d'investissement technologique ou de process, de manière à mettre à jour ces entreprises au diapason des sociétés développées (...) Ce que nous cherchons, ce sont des managers, des directeurs capables de gérer, à nommer dans des postes clefs. Notre rôle sera celui de consultants pour s'assurer du succès. Il faut commencer petit au lieu de chercher la grandeur. Nous sommes concentrés sur ces secteurs. Nous cherchons des personnes qui ont un savoir établi et avéré dans ces domaines. Il faut se concentrer au lieu d'être éparpillé. Il y a une complémentarité à faire entre les besoins existants et l'apport que nous pouvons apporter pour satisfaire ces besoins. Votre groupe, à travers l'AIDG, entend soutenir la privatisation en Algérie. Comment s'exprimera cette contribution ? Nous avons constaté que la plupart des talents et des capacités existantes sont au sein des entreprises étatiques ou celles associées à des entreprises publiques. Nous voulons travailler avec le secteur privé. On sait qu'en Algérie, il y a une tendance à la privatisation. L'objectif de l'AIDG est de contribuer à cette privatisation. Nous n'allons pas dupliquer ce que fait le gouvernement ou interférer dans cette démarche. Les entreprises à créer sous la houlette de l'AIDG seront affiliées au groupe. Nous n'avons ni l'intention ni l'expérience de le faire. Nous n'entrons pas dans le processus de privatisation. Dans le secteur de la réparation électronique, la plupart du savoir-faire et de l'expertise existent dans le secteur étatique. Je suppose qu'il y a des entreprises qui vont devenir privées parce qu'il y a cette initiative. Elle vont s'accrocher. A supposer qu'il n'existe pas de concurrence ! C'est OK. Le but est de construire le succès, l'infrastructure et la plate-forme. Ma vision et mon rêve est d'inspirer les autres à faire la même chose. Cela sera comme un modèle à suivre pour faire émerger des entreprises. Notre but n'est pas de créer des affaires pour le groupe mais de créer des infrastructures pour l'Algérie. Northrop Grumman est présent en Algérie depuis six ans. La création de l'AIDG est-elle le résultat d'un constat de manque d'expertise et de faiblesse du système d'investissement ? Au contraire. Le niveau des Algériens que nous avons formés, comparé à ceux des personnes formées dans d'autres pays, est nettement supérieur. Voilà ce qui nous a motivés. Les ressources humaines compétentes existent et les potentialités sont extraordinaires. Ici, c'est la bonne place. Nous pouvons réussir. Du point de vue investissement, les contacts que nous avons avec le gouvernement et les entreprises nous conduisent à penser que l'Algérie est dans un tournant. Compte tenu des réformes opérées par le gouvernement et les changements qui s'opèrent à travers le monde, nous pensons que l'Algérie est réceptive. Elle est arrivée à un stade mûr. C'est le moment d'introduire ce modèle et nous avons la garantie de réussite. Des milieux d'affaires reprochent à l'Algérie la bureaucratie, la corruption et la faiblesse du système bancaire. Partagez-vous ces reproches ? Ces éléments existent partout dans le monde. Ce n'est pas propre à l'Algérie. Les blocages bureaucratiques sont à des niveaux différents dans tous les pays. Nous savons qu'il y a des problèmes, nous apportons notre connaissance pour trouver des solutions. Nous sommes convaincus que l'Algérie est prête pour prendre son envol. Pourquoi avez-vous ciblé ces quatre secteurs ? Parce que nous maîtrisons ces secteurs. Nous sommes spécialisés dans les technologies de l'information et dans l'électronique. Nous pouvons assurer des formations. Dans le secteur médical, nous avons un siège à Baltimore (Maryland). Cette université est fière d'avoir 31 professeurs lauréats du prix Nobel. Son système médical est numéro un aux Etats- Unis. Nous avons mis au courant cette université de notre projet médical pour l'Algérie. Nous essayons de coordonner cela avec ce qu'ils font déjà dans d'autres coins du monde. Selon le rapport qu'on a avec l'environnement économique en Algérie, nous constatons qu'il y a un grand besoin en Algérie en matière de traitement d'eau potable, de logement, de routes, d'infrastructures portuaires. Quel est le capital de lancement de l'AIDG. Cette expérience est-elle nouvelle ? L'AIDG est dotée d'un million de dinars. Ce capital va augmenter pour arriver à un million de dollars et plus. Cette initiative est déjà lancée aux Emirats arabes unis, en Arabie Saoudite et en Bulgarie