Une équipe du centre national de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA), dont le siège se trouve à Bousmaïl, a effectué, les mois de novembre et décembre de l'année écoulée, à Guelma, une enquête technique au niveau du barrage de Hammam Debagh, tendant à faire la lumière sur des pêches infructueuses de carpe. Aucune prise n'a été réalisée par cette équipe, malgré son matériel adéquat. Des résultats plus qu'alarmants, puisqu'ils confirment les craintes émises par la direction de la pêche de la wilaya de Guelma qui, faudrait-il le rappeler, chapote également les wilayas de Khenchela, Oum El Bouaghi, Tébessa et Souk Ahras. Les deux et uniques concessions au niveau de ce barrage ont expiré. Des avis d'informations de renouvellement ont été adressés aux intervenants, mais restent, à ce jour, lettre morte. Selon l'avis des experts, la profondeur du barrage de Hammam Debagh, variant entre 40 et 70 m, ainsi que l'existence de souches d'oliviers nécessiteraient l'usage de filets plus grands que ceux utilisés par les pêcheurs, en plus de la détection à l'aide de sondeurs, ceci en plus de la multiplication et la diversification des ensemencements d'espèces d'alevins pour favoriser la dynamique biologique. En clair : établir une chaîne alimentaire proies-prédateurs pour inciter, en l'occurrence, la carpe à quitter les profondeurs du barrage favoriserait une pêche plus rentable. Quelque 13 t de poissons, plus de barbot qu'autre chose, ont été pêchés durant l'année 2008, indique le directeur de ce secteur, dans les barrages et retenues collinaires de ce pôle régional, grâce à quatre embarcations actives et immatriculées pour un collectif total inscrit de 9 marins. « C'est peu ! Si nous devons nous référer aux millions d'alevins ensemencés dans notre région », avouera le directeur. Ainsi, la carpe argentée et la carpe grande bouche sont les espèces de poisson d'eau douce ensemencées dans les différents barrages du pôle halieutique guelmois. Les nombreuses opérations ont permis le déversement de 1,2 million d'alevins au niveau du barrage de Hammam Debagh. Les barrages de Babar et Foum El Gueiss à Khenchela ont, tous deux, vu l'ensemencement de 200 000 alevins chacun. Dans la wilaya de Souk Ahras, au niveau du barrage de Aïn Dalia, 1 million d'alevins a été déversé. Des opérations similaires ont concerné les barrages dits moyens, comme celui de Medjez El Bgar dans la commune de Aïn Makhlouf (wilaya de Guelma) où 1 000 alevins ont été déversés en 2001. Dans la commune de Nechmaya, la retenue collinaire d'El Gaftha, s'est enrichie de 152 000 larves et enfin à Oum El Bouaghi, la retenue collinaire d'Ourkis a reçu, pour sa part, 450 000 larves de carpes en 2005. La pêche continentale, bien qu'elle soit exempte de toute imposition fiscale, mais encore donnée en concession pour une bouchée de pain, soit 50 000 DA/an, en tant que créneau d'investissement, ne trouve pas preneur. Qu'en est-il de l'investissement ? Des projets, nous dit-on, il y en a eu : 14 inscrits dans le programme 2004-2009, à travers les 5 wilayas, pour une enveloppe de 161,4 millions de dinars avec un soutien financier de l'Etat à hauteur de 48,42 millions de dinars. La création d'un centre de pêche dans le barrage de Hammam Debagh, d'une capacité de production de 50 t/an, soutenue par des unités d'exploitation moins importantes de l'ordre de 5 t/an, qui n'a toujours pas vu le jour, est un exemple de la difficile intégration de la pêche continentale dans le tissu économique régional. Il semble, encore une fois, que le ministère de tutelle ait mis la charrue avant les bœufs. L'indisponibilité des alevins à l'échelle nationale, à ce jour importés, devait être comblée à partir d'un centre à Sétif pour une production de 15 millions d'intrants/an. Mais, visiblement rien ! Le centre n'a pas encore vu le jour. Aujourd'hui, un projet, encore un autre, pour la création d'une unité d'élevage aquacole dans la commune de Nechmaya au niveau de la retenue collinaire de Gheftha (Guelma), est enregistré. Autre projet mûri : la valorisation des eaux chaudes à usage thermal de la région pour l'introduction de petits projets d'élevage aquacole intégré au tourisme. Du côté des Hauts-Plateaux, un centre de pêche sur le plan d'eau de Babar à Khenchela et une ferme aquacole à Negrine (Tébessa) sont au programme. Quoi qu'il en soit, l'aquaculture, étant une discipline pointue en matière de conduite d'élevage, il est impératif de créer une ferme-pilote aquacole d'envergure régionale, une Mecque pour tous les marins d'eau douce qui puisse répondre à toutes leurs interrogations.