Perché sur les hauteurs, au sud de la commune de Cap Djinet, le village Benouali donne l'image d'un bourg déserté. Gâté par la nature, ce village, qui était un camp de concentration pendant la guerre de Libération n'a bénéficié d'aucun projet de développement. Ce village dont la population dépasse les 4000 âmes vit des difficultés d'un autre temps. « Ici rien n'a changé. Notre village était un camp de concentration en 1958, et il le reste encore. Nous avons une école primaire et une route impraticable. Nous vivons une myriade de problèmes qui attendent des solutions depuis l'indépendance », résume âami Saïd, un habitant du village sexagénaire. Ici, tout le monde se plaint de la crise du logement, car le village est constitué de centaines d'habitations précaires. Les villageois ayant postulé pour une aide à l'auto-construction dans le cadre du FONAL, n'ont pas encore vu leurs démarches aboutir, faute d'actes de propriété des terrains. « Pour le moment c'est notre plus grand obstacle, et nous demandons que l'Etat trouve une solution à cet handicap qui empêche des dizaines de personnes de construire leurs propres maisons », ajoute âami Saïd qui nous invite à visiter la maison où il vit depuis 1958, date de son installation « forcée » au village. S'agissant du volet éducatif, les habitants rencontrés se plaignent du manque criard du transport scolaire. « Nous n'avons qu'un seul bus qui transporte les collégiens. Mais les lycéens se déplacent avec leurs propres moyens vers le lycée de Bordj Menaïel, puisque le projet d'un lycée inscrit au profit de notre commune n'est pas encore lancé », lance un villageois qui relève la crise d'eau potable qui affecte la région, aussi bien en été qu'en hiver. Abordant le volet santé, les habitants de ce village indiquent que le seul centre de soins qui y construit est à l'état de chantier. « Notre centre est effondré, suite au séisme de 2003 et l'entreprise retenue pour sa reconstruction est défaillante et ne peut apparemment accomplir sa mission », lance Mourad, un licencié au chômage depuis des années en soulignant que « les travaux sont à l' arrêt depuis plus d'une année. Après le séisme, les autorités y ont installé un chalet pour les petits soins, mais ce dernier a été démantelé à la fin de l'année 2006, alors que le centre n'est toujours pas reconstruit, c'est injuste ! », dénonce-t-il avant d'ajouter que « pour une simple visite médicale les habitants doivent aller au centre du chef-lieu ou à Bordj Menaïel, à plus de 7 km d'ici ». Interrogé à ce sujet, le P/APC indique que le projet de reconstruction du centre et d'un logement d'astreinte a été inscrit en 2006. « Mais les deux enveloppes financières qui lui ont été allouées, soit 3 millions de dinars sur PCD pour le centre et 4 millions de dinars sur PSD pour le logement se sont avérées insuffisantes d'autant plus que les offres de soumissions ont été infructueuses à deux reprises », précise notre interloculeur. Evoquant l'état des axes routiers du village, les malheureux villageois déclarent que ceux-ci sont dans un état déplorable. « Ce sont les pilleurs de sable et les camions de gros tonnage qui sont à l'origine de la dégradation de nos routes. Ces derniers traversent par la route qui donne vers Ouled Bounoua et mène vers l'Ardja, afin d'éviter les barrages de la Gendarmerie nationale », explique Mourad. Sur ce, le premier responsable de cette APC annonce qu'un projet de revêtement de 20 km des pistes du village vient d'être inscrit dans le cadre du PPDRI en collaboration avec la direction des forêts.