Le 8 mars permet depuis que cette date est consacrée Journée internationale de la femme de pointer les progrès réalisés en matière d'égalité des droits des femmes avec les hommes. En Algérie, force est de constater que loin de compter les avancées, on assiste, a contrario, d'une année sur l'autre, à un grignotage des acquis péniblement arrachés par la lutte des militantes des droits des femmes, voire à une régression. Les raisons en sont, entre autres, une volonté politique quasi inexistante, un affichage, sans état d'âme d'un discours conservateur, voire réactionnaire, et des mesures publiques timorées et incohérentes. Alors que pour les partis de la mouvance démocratique, les femmes ne sont pas un sujet prioritaire. Quant aux féministes des années 1980 et 1990, face à la fermeture de l'espace public, elles sont contraintes de se redéployer sur le terrain de l'action humanitaire, leur démarche, leurs actions n'entrant pas dans le moule du « politiquement correct » et du formatage conventionnel. Après avoir servi de faire-valoir et d'alibi auprès de la communauté internationale pendant la période sanglante du terrorisme intégriste, elles sont sommées d'entrer dans le rang, comme hier les moudjahidate qui ont pris une part active à la libération nationale. Les plus irréductibles continuent, vaille que vaille, leur combat pour l'évolution de la législation du droit de la famille, contre les violences à l'égard des femmes, pour une participation significative et efficiente des femmes dans l'économie et dans la vie politique. Pour le respect de leur dignité et de leur intégrité. Faut-il s'étonner que les valeurs égalitaires dans la société aient reculé en l'espace de huit années, entre 2000 et 2008, comme le montre l'étude sur « La connaissance sur les droits des femmes et des enfants : opinion, attitudes des Algériens adultes et adolescents » menée à l'initiative du Centre d'information sur les droits des enfants et des femmes (CIDDEF) ? Selon cette étude, le courant d'opinion favorable à l'égalité entre hommes et femmes dans la société algérienne s'est amoindri au profit du courant conservateur. Seuls 19% d'Algériens (soit 2 Algériens sur 10) expriment des positions nettement favorables à une vision égalitaire des relations hommes-femmes. Comment pourrait-il en être autrement quand l'obscurantisme, l'intolérance, le fanatisme, l'irrationnel prennent le pas sur la culture démocratique et la modernité qui peinent à émerger ? « Promouvoir les femmes est un investissement à haut rendement, qui engendre des économies plus fortes, des sociétés civiles plus vivantes, des communautés plus saines et davantage de paix et de stabilité », a plaidé la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Cet impératif à l'échelle mondiale l'est encore plus à l'échelle d'un pays. Et l'Algérie n'échappe pas à la règle.