Selon les locataires, le projet inscrit au début des années 1990 par l'Opgi de Bir Mourad Raïs au titre de la formule des logements sociaux Apc/Cnep a été confié à l'entreprise de réalisation Cosider. Seulement, l'organisme logeur s'est désisté du projet au moment où le maître d'œuvre allait entamer les lots de maçonnerie et les corps d'état secondaire. Las d'attendre des travaux qui n'en finissaient pas et face à la rumeur amplifiée faisant état d'une éventuelle réquisition de deux immeubles, les bénéficiaires ont été contraints d'occuper les maisons sur les conseils insistants de l'équipe municipale de l'époque : «C'est une occupation de tout ce qu'il y a de plus légal, eu égard à nos titres d'attribution dûment établis par l'Apc de Dély Ibrahim. Au départ, tout allait pour le mieux, puisque l'affectation des logements a été prononcée suite à une enquête sociale qui a abouti à l'établissement des actes d'attribution en date du 18 décembre 1992 par l'Apc de Dély Ibrahim. Or, une seconde attribution a été opérée ,contre toute attente , le 28 juillet 1998 aux dépens de quelques bénéficiaires qui figuraient bel et bien sur la liste initiale au prétexte d'affecter quelques immeubles au profit des agents de sécurité et de la banque Cnep. La confusion entretenue sciemment autour de la révision des listes nous a conduits à accepter pour en finir, avec la crise du logement, à la réception de nos logements à l'état de carcasse», a déclaré M. B. Sid Ali, un ancien membre du comité de quartier actuellement inopérant à cause de l'envergure des travaux d'aménagement. La crise du logement s'éclipse temporairement pour céder finalement la place à un calvaire dans un environnement cauchemardesque qui n'est pas près de s'estomper. En fait de nids douillets, c'est un enchevêtrement en béton que les malheureux propriétaires rénovent à leurs frais express. D'aucuns imputent ces désagréments à l'indifférence de l'exécutif communal actuel de Dély Ibrahim, qui ne daignent pas reprendre le reliquat des travaux là où il a été laissé : «L'Apc ne condescend pas répondre à nos multiples doléances. Nos appartements sont à l'état de clos et de couvert. Les plafonds sont gorgés d'eaux pluviales qui s'infiltrent par les terrasses à cause du déficit de l'étanchéité. Pour ce faire, nous avons réuni la somme de 50 millions de centimes pour imperméabiliser d'une manière sommaire quelques terrasses. Plus grave, les murs de nos maisons sont gorgés d'humidité à cause de la déficience des revêtements muraux. Nous reprenons sur nos propres fonds les travaux de maçonnerie, la menuiserie, la peinture et la vitrerie», a ajouté notre interlocuteur. Ici, le compter-sur-soi est de rigueur à l'exemple des réseaux d'électricité et d'alimentation en eau potable qui ont été financés entièrement sur les budgets des ménages. Les habitants n'en peuvent plus de financer des travaux dont le coût se situe au- dessus de leurs capacités financières. «Le revêtement des dalles d'escalier a été posé grâce aux cotisations des bonnes volontés. Mais jusqu'à quand allons-nous financer les travaux de notre cité ?», s'est interrogé ce père de famille. A Djenane Achabou, le manque d'infrastructures socioculturelles provoque l'hilarité générale étant donné que l'attention est focalisée plutôt sur l'éclairage public. «Les espaces verts et les aires de jeux sont tributaires de l'assainissement et des travaux de bitumage», tient à préciser notre interlocuteur. Dehors, le parterre est jonché de matériaux de construction et de ferraille abandonnés sans doute par l'entrepreneur, qui n'a pas eu le temps d'exécuter la clause contractuelle portant sur le nettoyage de chantier. La bonne volonté des habitants ne suffit pas à humaniser un environnement lugubre où les caves des bâtiments sont inondées par des eaux noires et nauséabondes : «Nous vivons perpétuellement derrière les volets et les fenêtres clos à cause des odeurs nauséabondes. Les essaims de moustiques et les rongeurs pullulent au fond des caves et menacent sérieusement notre santé», se sont plaints les riverains du quartier Djenane Achabou. L'hiver est aussi synonyme d'une source intarissable de désagréments, et l'obstruction des collecteurs des eaux pluviales dont les travaux sont inachevés s'ajoute davantage à la morosité ambiante. Autre tare hivernale, l'accès à la cité est difficile en raison des flaques d'eau éparses. En conséquence, les habitants se meuvent sur des madriers pour ne pas prendre la gadoue au bas des pantalons. Nos tentatives de recueillir l'avis du P/Apc sur les dures conditions de vie des citoyens de Djenane Achabou se sont avérées vaines.