Peu de moyens, beaucoup de mouvement. Son et image mêlés. Recherche acoustique et audace artistique. Caractéristiques du spectacle de la compagnie britannique Robert Hylton urban classicism (RHUC) présenté, mardi soir, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth, à Alger, à l'invitation du British Council. Tout de blanc vêtu, Robert Hylton a exécuté, sur une musique mixée par le DJ Billy Biznizz, une chorégraphie qui prête à l'électronique ses sons, à la robotique ses articulations et au hip-hop son agilité. Robert Hylton aime innover sans perdre le fil rouge. Il adore impressionner, au risque d'ennuyer parfois. Mais l'imprévu dans son art est un support redoutable. « Ses danses sont éloignées des références de base du hip-hop. On a du mal à reconnaître le break dance. C'est trop contemporain », nous dit un puriste. Robert Hylton a bâti sa démarche créative sur « le mixage » d'essence urbaine, entre les fondements jazzy, le hip-hop, la danse post-moderne, le popping et le théâtre. Le hip-hop, qui a émergé des rues de New York pour donner naissance à la tendance des cultures urbaines, est un prétexte pour les danseurs de la RHUC d'exécuter des performances originales. Il y a d'abord ce catching beat qui fait appel à un beat boxer, un artiste imitant sons, samples et musique avec la bouche. Deux danseurs exécutent des mouvements sur les « airs » d'une boîte à rythmes humaine. Ils dansent, font semblant de se battre, échangent des balles imaginaires, jouent au ping-pong, flottent dans les airs et impliquent le public dans une démarche sympathique. Leurs corps plongés dans des lumières jaunes suffisent pour combler l'absence de décor. Ils imitent même les fameuses scènes au ralenti du cinéma d'action asiatique. Il y a encore cette autre danse dont le fond sonore ressemble à des craquements d'os. Danse philosophique qui met en valeur les tourments de la nature humaine, la légèreté de l'être et le parler difficile des sociétés d'aujourd'hui. Le beat boxing, qui a évolué avec le hip-hop, a été rendu célèbre par l'Australien Joel Turner, le Britannique Killa Kela et l'Américain Biz Markie. Les danses de la RHUC sont entrecoupées de courts métrages qui puisent dans l'art expérimental. Un choix, marque de fabrique de la compagnie et de son directeur de la photo, Eduard Grau. Fresh, produit pour Channel 4, s'inspire d'un regard de bébé : on y voit des pieds dans des baskets qui dansent, discutent, se battent et se mettent en ordre de marche dans une ville miniature. Les pieds ont également un langage particulier. Dans Fresh, ils évoquent la pluralité de la vie commune. Race jaune, race noire. Rien que ces deux races dans Symmetry. Danses au sol, fusion d'images, free style, rythme soutenu... Si elle est d'abord mathématique, la symétrie est également sociale. Elle peut être perçue à plusieurs niveaux. Reste que ce petit film innovant rend hommage aux expressions multiculturelles. L'autre film projeté, Jaffaman de Oliver Ashton, nourri d'humour anglais, souligne les chemins tortueux de l'existence à travers les petites découvertes d'un danseur de rue, un tantinet « peace ‘nd love ». La RHUC bénéficie du soutien d'un organisme public, le Arts Council of England. Pour le spectacle d'Alger, la RHUC s'est faite aider par la Boy blue entertainment (une troupe de danse londonienne), de Kenrick Sandy et de Michael J' Asante. Russel Crockett, Nikki Weston et Emma Wee ont prêté main-forte pour le montage du spectacle d'Alger.