Le public a eu droit à un spectacle mêlant danse contemporaine hip-hop et projections de films vidéo hauts en couleur... On ne s'attendait pas à de telles performances, mais plutôt partis voir le spectacle avec des idées déjà préconçues, autrement à assister à des numéros et a des break-dance surfaits et de la hib hop de ce qu'il y a de plus banal, à bon marché. Eh bien non! On a été tout simplement surpris du résultat. Séduits serait un grand mot mais bien impressionnés tout de même. Un peu ennuyeux, au départ, Robert Hylton et sa troupe urban Classicism (Rhuc) qui nous vient de Grande-Bretagne ont su étonner et créer de la dynamique au sein du public qui a fini par bien «incorporer» le programme pour apprécier le show. Robert Hylton, danseur et chorégraphe britannique, pionnier célébré pour la vitalité qu'il apporte à l'expression multiculturelle a ouvert le jeu, tout de blanc vêtu et baskets, il est accompagné d'un disc-jockey mixant des sons résolument électroniques, rappelant la soudure électrique et la surtension énergétique...Les mouvements s'annoncent synchronés, parfois désarticulés, suivis de gestes quelque peu robotisés. L'entame en fait est un court métrage, intitulé Fresh, une sorte de joute de pieds très drôle, à la manière d'un duel dans un salon western. Un tableau fait d'humour, qui donne le ton à une approche qui se veut originale au hip hop, mêlant une forme de théâtralisation et danse contemporaine, propos esthétique de Robert Hylton. Un art multiforme auquel il s'est forgé au fil des années, pour donner à voir et à ressentir des oeuvres innovantes, dynamiques et inspirant la réflexion. Autre tableau majeur, le beat boxing au milieu duquel évoluent deux danseurs sur scène, effectuant des mouvements, rappelant le jeu des basketteurs, avec perfection, à la différence que le ballon est invisible! Le public enjoué prend part avec amusement à ce numéro. Le son effréné que fait naître l'homme au micro ajoute encore plus de fougue grâce au rythme entraînant auquel s'adonnent ces danseurs émérites. Symmetry est un autre film expérimental à travers lequel se meuvent plusieurs corps sur un espace délimité à l'image d'un chéquier. Un espace aérien dans lequel des danseurs exécutent des mouvements qui rappellent, par moment, les gardes à vue militaires asiatiques ou les expressions corporelles nippones. Le hip hop, langage de la rue se veut hautement visuel. Un tableau qui flirte avec le minimalisme artistique et le pop art structuraliste faisant éclater l'espace en plusieurs petits espaces colorés. Jaffaman de Oliver Ashton est le troisième tableau nourri d'humour anglais qui donne encore à voir l'affrontement de l'homme face au danger. Le dernier tableau un peu dérangeant par le son qu'il émet suggère les craquements d'os. Il s'agit d'une danse philosophique sur la légèreté de l'être. Le spectacle s'achève avec l'arrivée sur scène de deux Algériens qui font montre de quelques pas de danse avant les applaudissements nourris du public adressés à Robert Hylton et ses acolytes danseurs. Une manifestation organisée à la salle Ibn Zeydoun, les 17 et 18 mars derniers, par British Coucil.