Vous vous intéressez à ce que vous appelez la « troisième génération » algérienne dont la culture politique est la « violence ». Pourquoi un tel intérêt ? Oui, c'est la troisième génération d'après-l'indépendance qui m'intéresse. On voit ce renouvellement avec cette génération qui porte une expérience très différente des autres générations, une génération façonnée par plusieurs désillusions. La seconde génération a vécu « l'âge d'or » des années Boumediène, elle avait l'espoir et la confiance que procuraient les idées nationalistes. La troisième génération a vu son espoir démocratique détruit et vécu la violence, l'islamisme, le terrorisme. Cette troisième génération veut le changement, mais par la violence (laquelle ?). Influencée par la culture politique dominante, elle ne croit pas à la négociation. N'oublions pas que les arch ont obtenu gain de cause à leurs revendications par l'émeute. Cette génération subit plusieurs blocages dans son dynamisme… J'essaie de comprendre comment se reproduit le système. Ce sont les questions que je me suis posées lors de mes recherches empiriques en Algérie en 2000-2004. La problématique s'articulait sur « pourquoi la transition politique reste bloquée ? » Parce que, jusqu'à 2004, les choses bougeaient et il y avait des ingrédients permettant cela. Mais tout compte fait, rien n'a bougé. Il fallait comprendre alors le positionnement des élites et leur renouvellement. Ce qui était important, c'était l'atomisation de la scène politique qui fonctionnait très bien en s'appuyant sur les clivages de la société. Les arch, par exemple, ont été divisés et cela a marché.