Nonobstant les réserves que chacun peut formuler sur la fiabilité des chiffres rendus publics et leur rapport avec la réalité, les indicateurs sociaux propres à la wilaya de Annaba pour l'année 2008 suscitent une certaine inquiétude. Le chômage demeure un fléau qui touche plus de 37 000 personnes, dont un grand nombre se trouve dans les communes d'El Hadjar, Berrahal, Annaba, El Bouni, Sidi Amar et Aïn Berda. Il faut souligner que ces communes abritent l'essentiel de la population de la wilaya, estimée à plus de 650 000 habitants. L'absence d'investissement conséquent est à l'origine de la récession du marché de l'emploi qui continue d'être servi principalement par les dispositifs de soutien de l'Etat destinés aux jeunes promoteurs pour la création de leurs propres activités. Il s'agit des dispositifs de l'agence nationale de gestion de l'emploi (Angem), de la caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) et de l'agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) qui, en dépit de leur dynamisation à la faveur d'un changement d'attitude des banques publiques par rapport aux années précédentes, vis-à-vis du financement des projets, demeurent des mécanismes trop insuffisants pour contribuer efficacement à la résorption du chômage. Les grosses boîtes, Arcelor Mittal et Fertial, qui étaient de grands pourvoyeurs du marché de l'emploi, n'offrent plus de perspectives pour les demandeurs de travail. Crise financière mondiale oblige, ces deux entreprises ont adopté un nouveau comportement qui cadre avec leurs intérêts. Fertial est allée jusqu'à se passer de ses contractuels. Les manifestations pour réclamer de l'embauche enregistrées durant ces deux dernières années, aussi bien devant les sièges de deux grosses boîtes qu'avec les fermetures des routes à la circulation, sont une preuve formelle qui montre, si besoin en est, l'acuité du chômage et l'absence d'une volonté réelle pour sa prise en charge à travers le lancement d'investissements sérieux créateurs d'une valeur ajoutée et de richesse au profit de la population. Les autres indicateurs sociaux, et qui font rougir, concernent les bidonvilles avec 15 000 baraques, les familles nécessiteuses, 38 825, les personnes sans couverture sociale, 12 887…et la liste des défavorisés est longue. Plus grave encore, la carte sociale de la wilaya fait état de plus de 2 000 enfants non scolarisés, au moment où le pays mène une lutte contre l'analphabétisme, encore un des aspects du sous-développement. Pourquoi priver un enfant d'instruction pour lui apprendre à lire et à écrire une fois devenu adulte ? Le traitement des disparités sociales devrait nécessiter des programmes d'urgence et un suivi permanent dans leur application en vue d'éviter leur détournement au détriment des personnes concernées. C'est ce qui manque précisément dans les discours des candidats à la présidentielle du 9 avril prochain, actuellement en campagne pour séduire l'électorat et ratisser large le jour J. Leurs promesses pèchent surtout par absence de clarté.