Les débats qui se déroulent en France dans le milieu médiatique hostile à l'Algérie, indiquent, chez beaucoup, une ignorance totale de ce qui s'est passé dans notre pays durant la Guerre de libération nationale et une mauvaise foi évidente affichée par « ceux qui savent ». Les nostalgiques de la colonisation refusent de reconnaître que l'armée française s'est comportée en Algérie comme les nazis, notamment pour ce qui est des pratiques de la torture qui ont été révélées à l'opinion publique en France et au plan international, la première fois, par le livre-témoignage du militant algérien anti colonialiste, Henri Alleg, intitulé « La Question ». Au moment de sa première édition par les Editions de Minuit, en février 1958, ce livre-dénonciation a été vite l'objet d'une censure brutale en France. Il ne fallait pas que les Français sachent comment leur armée se comportait en Algérie ni qu'ils prennent connaissance des noms des tortionnaires. Les autorités françaises ont tout fait pour empêcher la diffusion de La Question, un livre-événement, comme il fut qualifié à l'époque, dont le contenu était marqué par la rigueur et la précision propres à la profession de journaliste qu'exerçait Henri Alleg avant son arrestation le 12 juin 1957 par les parachutistes français du 1er RCP. Le livre a vite fait de briser la loi du silence qui était imposée par les autorités coloniales, et, ainsi, les tortures exercées pendant la Bataille d'Alger en 1957 ont pu être portées à la connaissance de l'élite française. La propagande colonialiste qui présentait l'occupation de l'Algérie comme une œuvre civilisatrice conduisait à croire que les « civilisateurs » ne pouvaient pas être des tortionnaires. Mais les faits sont têtus et tout a fini par se savoir. L'armée française en Algérie comprenait des tortionnaires et des assassins, et ce n'était pas seulement les légionnaires allemands, anciens nazis et SS, qui torturaient et qui tuaient les prisonniers. Les historiens français ont établi, à partir des sources de l'armée coloniale, que la torture et les assassinats ont été la pratique dominante de cette armée depuis les premiers instants où elle a envahi l'Algérie en 1830 jusqu'à sa défaite en 1962. Pendant la Guerre de libération, l'armée française a tout fait pour casser le FLN qui dirigeait la lutte armée et briser l'ALN qui la menait dans les maquis, et tout fait également, dans ce but, pour pousser les Algériens à rallier la France. De ce point de vue, l'année 1957 a vu la généralisation de la torture et des exécutions sommaires par l'armée coloniale française en Algérie. Une justice expéditive a été appliquée aux combattants algériens traduite dans les exécutions sommaires et souvent publiques, pour être « exemplaires ». La pratique nazie des représailles immédiates et sans jugement, par instinct bestial, appliquée par l'armée française, entraînaient la destruction de villages entiers et le massacre de leurs populations, parce qu'elles apportaient leur soutien irremplaçable aux moudjahidine.