Êtes-vous optimiste quant au respect des engagements de chacune des parties pour installer durablement la paix à Berriane ? Nous sommes très optimistes parce que cette feuille de route a été acceptée et signée par toutes les parties après de multiples efforts et de nombreuses réunions entre les représentants des deux communautés et ceux de l'administration. De plus, la présence du ministre chargé des Collectivités locales en personne est une autre caution de garantie pour la réussite de cet événement que nous qualifions d'historique et qui permettra aux habitants de Berriane de vivre en toute harmonie et en paix. Des tentatives de réconciliation entre les deux communautés n'ont pu se concrétiser... N'avez-vous pas peur que celle-ci puisse connaître le même sort, avant que la charte de Berriane ne soit adoptée l'été prochain ? A la différence des autres tentatives, cette fois-ci nous sommes arrivés à sortir avec une feuille de route que tout le monde a signée et qui va nous permettre de consolider la charte de Berriane, dont l'adoption est prévue pour le début de l'été une fois que la sécurité et la stabilité seront rétablies. Nous pouvons être optimistes car la situation nous permet de croire en des jours meilleurs. Nous avons passé un Mawlid sans aucun incident, alors que, comme vous le savez, cette fête a été le facteur déclenchant de la violence en mai 2008. Cette fois-ci, aucun dépassement n'a été enregistré et les gens ont fêté la naissance du Prophète dans la liesse sur les mêmes places publiques où les incidents ont éclaté, il y a une année. Il y a eu aussi les mariages collectifs organisés à Berriane - une soixantaine - et qui se sont déroulés dans de bonnes conditions. Ces évènements sont des indices qui nous permettent d'être rassurés et d'espérer sortir définitivement de la spirale de la violence. Avant, nous n'avions pas signé de document. Nous avions entamé des tractations qui n'ont pas abouti parce qu'il y a eu entre-temps d'autres évènements, comme les inondations, qui ont ralenti les choses et cela nous a ramenés une troisième fois vers la crise. De plus, il faut rappeler qu'il y avait aussi le problème de la représentativité des communautés. Ibadites et Malékites avaient des difficultés à s'entendre pour désigner des représentants à même de servir de porte-parole lors des discussions, ce qui a fait échouer les efforts de rapprochement. Cette fois-ci, il y a un point très important qui a pesé dans la résolution de la crise. C'est le fait que le président de la République a désigné un ministre délégué pour se charger personnellement du dossier. Cela démontre que l'affaire a été prise en compte à un très haut niveau de l'Etat. Cette fois-ci, nous avons réussi à dépasser les obstacles, et le fait que l'Etat ait fait confiance aux représentants des communautés a facilité la tâche pour sortir rapidement avec une solution, d'autant que toute la population est mobilisée pour en finir avec cette crise. Cela veut dire que la rentrée scolaire de samedi prochain aura lieu dans de bonnes conditions ? Bien sûr qu'elle se déroulera dans un climat de sérénité et de calme, puisque tout le monde s'est engagé à ce que les enfants reprennent le chemin de l'école dans de bonnes conditions, surtout ceux qui sont à la veille des examens. Nous espérons que cette rentrée et la tenue des examens soient la preuve qu'à Berriane, la ville de la tolérance, la vie a repris son cours habituel.