A l'instar de la précédente édition, les trois pôles de représentation (Témouchent, Béni Saf et Hammam Bou Hadjar) sont maintenus avec le projet de faire essaimer les spectacles sur d'autres agglomérations pour peu que leurs élus s'impliquent par l'ouverture de lieux de représentation adéquats. De la sorte, le commissariat du festival compte ainsi atténuer la pression du nombre des spectateurs, tous les billets d'entrée ont été achetés aussitôt mis en vente. Au niveau du chef-lieu de la wilaya, la moitié du public est restée dehors, ce qui a mis à rude épreuve l'organisation de la manifestation. Le même scénario risque de se reproduire cette année, à moins que les autorités locales ne décident, dans un sursaut d'orgueil, de faire honneur au festival et de rendre la politesse au ministère de la Culture qui lui a fait élire domicile à Témouchent. Dans cette perspective, il y a la possibilité de l'ouverture d'une seconde salle de représentations avec la réhabilitation de la salle du Petit théâtre. Pour ce qui est du volet artistique, l'on s'attend à la participation d'un plus grand nombre de troupes que l'année dernière et l'on table sur l'impact du signal fort, donné par le jury du festival par son palmarès. Celui-ci avait encouragé la création et la créativité au détriment d'une routine exclusivement guidée par des raisons alimentaires et qui se traduit par le fourre-tout au détriment d'une saine pratique du 4e art. A cet égard, le festival a donné à voir deux tendances. Il y a celle imprimée depuis la période de El hadiqa essahira, émission enfantine des années 70 de la télévision, avec sa démarche à contenu infantilisant et moralisateur. Pis, cette tendance s'est aggravée, déteignant sur toutes les troupes dans les années 90 tant pour ce qui est du théâtre d'acteurs pour enfants que pour ce qui est du théâtre de marionnettes, devenu exclusivement théâtre pour enfants. La majorité des troupes dont beaucoup, sans formation ni contact avec la pratique de par le monde, croit que le modèle imposé par les plus « importantes » d'entre elles, est unique. Ces compagnies se distinguent par le recours à des dialogues exclusivement en play-back et l'usage d'une tonitruante bande de son diffusant de la musique à satiété pour camoufler la médiocrité de leurs spectacles en provoquant chez les enfants l'excitation des sens pour l'excitation épidermique gratuite. Avec le play-back, les animateurs de ces troupes peuvent installer derrière le castelet n'importe qui pour agiter une marionnette et faire l'économie d'un marionnettiste. A cet égard, pour la présente édition, le commissariat a décidé de supprimer le prix réservé à la meilleure bande sonore et de répartir son montant au profit des autres prix. De la sorte, si les prix du meilleur spectacle, de la meilleure réalisation et du meilleur texte sont fixés respectivement à 250 000 DA, 150 000 DA et 120 000 DA, ceux du meilleur castelet, de la meilleure marionnette et le prix du jury passent à 70 000 DA. Néanmoins, lors de la dernière édition du festival, trois troupes sur les quinze présentes ont révélé une nouvelle et prometteuse tendance où le manipulateur est un comédien qui use de sa voix et de sa dextérité pour animer un personnage et non plus un chiffon. A cet égard, Masrah Ellil de Constantine, qui a obtenu le grand prix, a versé non seulement dans la création, mais aussi dans l'innovation par rapport à la pratique en Algérie. Ainsi, les marionnettes sont constituées non pas par des chiffons, mais par des objets détournés de leurs usages habituels. C'est jusqu'au manipulateur qui se transforme à un moment en marionnette. Quant au Petit théâtre, une compagnie blidéenne qui a la particularité d'être une micro-entreprise, il a utilisé dans son spectacle des marionnettes-objets, alors que les personnages de tous les autres spectacles sont des animaux, des plantes ou des humains. Enfin, la troupe Taje de Tipaza, une association de théâtre amateur pratiqué par de jeunes enfants encadrés par des adultes, monte des spectacles spécialement destinés au public des crèches. Tout dans l'écriture dramatique et la mise en scène y est minutieusement étudié en fonction du niveau de développement psychologique atteint par les enfants de moins de quatre ans.Il n'est pas sans intérêt de signaler que le palmarès avait à ce point dérangé les « plus importantes » troupes au point d'avoir vainement tenté d'infliger une triste tournure à la clôture du festival.