L'étude du projet d'autoroute entre Tizi Ouzou et Azazga a été finalisée depuis au moins deux ans et le dossier remis au ministère des travaux publics en vue de son inscription, mais rien n'indique que le gouvernement a pris la décision de mettre le chantier sur rail. Le dossier n'a même pas figuré parmi les promesses électorales lors de la dernière campagne présidentielle. Les représentants du gouvernement ont pourtant distribué avec largesse les engagements et les promesses devant des auditoires qui ne demandent qu'à croire à la parole officielle. Le Premier ministre a marqué son passage dans la wilaya de Tizi Ouzou en promettant que les daïras de Draâ El Mizan et d'Azazga seront promues wilayas déléguées, une perspective faite plus pour marquer les esprits, car ne présentant aucun contenu concret. Il s'agissait de flatter l'ego des populations locales, en leur faisant miroiter le privilège d'être les administrés de wilayas et non plus de communes déshéritées. Le commun des citoyens sait qu'un nouveau découpage administratif ne représentera rien de spécial si des projets de développement ne sont pas mis en œuvre et livrés dans les délais. Les retards accumulés dans la wilaya de Tizi Ouzou en matière de rénovation du réseau routier sont immenses. Les responsables en charge des affaires de la wilaya savent pourtant que le développement est tributaire de la modernisation des voies de communication, et que la relance économique ne peut se concevoir dans un contexte d'engorgement et même d'asphyxie sur les axes routiers. La route reliant le centre du pays à l'Est, sur le tronçon Tizi Ouzou-Béjaïa, est restée pratiquement dans l'état où il se trouvait à l'indépendance du pays : une chaussée à deux voies. Les techniciens ayant travaillé sur ce dossier avaient espéré l'inscription du projet dans le prochain programme quinquennal. Cela n'est pas du tout acquis, vu le silence des autorités gouvernementales à ce sujet. Le Premier ministre, lors de son meeting à Azazga, avait plutôt parlé de l'extension de la voie ferrée entre Azazga et Béjaïa. Une perspective bien lointaine, quand on sait que la ligne Tizi Ouzou-Oued Aïssi, un tronçon de 14 km, en projet depuis 15 ans, n'est pas encore livrée. Récemment, les responsables en charge du secteur ont évoqué l'extension du projet vers Azazga, mais l'arrivée de la première locomotive dans cette localité ne se fera pas avant plusieurs années. Au lendemain de la campagne électorale pour la présidentielle, la région replonge dans le marasme économique et ses projets de développement restés en suspens. Les dossiers vont sans doute encore sommeiller longtemps avant d'être exhumés, à la faveur d'un renouveau politique. L'on se souvient que de nombreux projets affectés depuis des décennies à la région, comme celui justement de la voie ferrée de Oued Aïssi, mais aussi celui du barrage de Taksebt, n'ont été tirés des tiroirs qu'à l'installation de la première assemblée de wilaya (APW) pluraliste en 1990. Les assemblées locales sont actuellement gérées en partie par les forces politiques de l'opposition, mais les verrous se trouvent présentement au niveau de l'administration centrale. Les parlementaires de la région ont tenté, sans grand résultat, de faire avancer le sort économique de la Kabylie, en demandant la mise en œuvre d'un plan spécial de développement, à l'exemple de ceux affectés au Grand Sud et aux Hauts-Plateaux. La zone des hautes montagnes attend toujours une véritable chance de sortir du sous-développement.