Pour le professeur Semid, les entreprises publiques et privées doivent se rapprocher davantage de la médecine du travail, surtout dans les secteurs à risques, tels que l'industrie chimique, un des thèmes retenus lors de ces journées, ainsi que celui lié aux hydrocarbures. «D'autant que la médecine du travail est préventive et curative», a-t-il précisé. Il considère que certaines entreprises n'ont pas encore pris conscience de l'apport de la médecine du travail aux employés. «Les responsables de ces entreprises n'ont pas encore compris que c'est plutôt un investissement rentable sur plusieurs plans, à savoir santé, économie, rendement, productivité du travail et préservation du capital humain.» Le professeur Semid affirme que la couverture des travailleurs n'a atteint que 30% et on espère voir ce taux atteindre les 70% dans les prochaines années. Il a précisé que sur le plan des compétences, «les services de la médecine du travail sont aujourd'hui performants. On peut dire que la médecine du travail est bien développée sur le plan scientifique», a-t-il signalé. Le professeur Semid a, par ailleurs, plaidé pour le renforcement de la réglementation dans certains secteurs d'activité pour atteindre une meilleure couverture des travailleurs. Il cite, entre autres, le secteur de l'industrie chimique qui reste encore moins loti en matière de réglementation, notamment sur les valeurs limites d'exposition aux substances chimiques. «Il y a des risques spécifiques qu'il faut réellement prendre en compte», a-t-il ajouté avant de rappeler que la médecine du travail est une médecine exclusivement préventive et obligatoirement organisée sur le plan matériel et financier par les employeurs. Ces derniers sont soumis à la signature d'une convention avec un secteur sanitaire rattaché à un CHU. Elle a, selon lui, pour objectif d'éviter toute altération de la santé des salariés, du fait de leur travail, notamment en surveillant leur état de santé, les conditions d'hygiène de travail et les risques de contagion. Intervenant dans ce cadre, des représentants de l'entreprise Sonatrach, qui a fortement contribué à l'organisation de ces journées, ont présenté des études menées au niveau de l'entreprise sur les dangers et risques professionnels du groupe Sonatrach. Le docteur Benzarroug de Sonatrach est revenu sur la surveillance médicale et les risques professionnels à Sonatrach en faisant un état des lieux en matière d'hygiène et de sécurité. Il a ainsi signalé qu'une visite médicale annuelle concernant une population permanente, temporaire et apprentie, soit au total de 46 843 personnes, est organisée. Il a précisé que les personnes exposées à un ou plusieurs risques professionnels, bruit : 7341 agents, soit 20%, travail posté : 8593 agents, soit 22%, exposées aux poussières minérales : 1429 personnes, doivent bénéficier d'une surveillance médicale spéciale en renforçant les explorations fonctionnelles en rapport avec les risques identifiés et en agissant sur les conditions de travail avec les autres acteurs de la prévention en entreprise. Dans le cas de la prise en charge de la tuberculose professionnelle, le service de médecine du travail du CHU de Beni Messous a répertorié 799 maladies professionnelles enregistrées dans les services de médecine du travail. La tuberculose chez le personnel soignant et de laboratoire est reconnue comme maladie professionnelle. «Avec 67 cas, soit 8,38%, la tuberculose (tous cas confondus) occupe la troisième place des maladies professionnelles les plus fréquentes déclarées, après la surdité 195 cas, soit 24%, les affections causées par le plomb 116 cas. Sur les 67 cas de tuberculose enregistrés, 15 (soit 22%) ont été déclarés par la wilaya d'Alger.» Le risque infectieux dans les laboratoires a été aussi au centre des débats. Les praticiens ont signalé que le personnel de laboratoire est exposé à plusieurs risques professionnels.