Finalement, les récents sit-in observés successivement par des entrepreneurs se disant avoir réalisé des ouvrages agricoles et des agriculteurs qui sont supposés en avoir bénéficié, au cours desquels il a été dénoncé le gel du Fonds national de régulation et de développement agricole (FNRDA) par le DSA, auront compté pour des prunes. Ceux-ci devront encore attendre et même pour assez longtemps. Quant à la décision de suspendre tout paiement dans ce cadre, elle aura été sans doute salutaire pour quelques-uns, car elle a certainement réduit les conséquences en termes de poursuites pénales et limité les dégâts financiers pour l'Etat et la banque ayant servi d'intermédiaire, en l'occurrence la BADR. Cette situation contentieuse semble aujourd'hui non seulement irrévocable, mais risque de s'aggraver dans les jours à venir, si l'on s'en tient à une indiscrétion du côté du tribunal de Djelfa. Pour l'heure, selon notre source, sur les 56 personnes qui ont comparu devant le juge d'instruction, 4 ont été placées en détention provisoire avant-hier. Il s'agit d'un ancien directeur des services agricoles, suspendu de ses fonctions, et deux de ses subdivisionnaires ainsi qu'un banquier. Par ailleurs, parmi des entrepreneurs, des exploitants agricoles et des subdivisionnaires des services agricoles, 5 ont été placés sous contrôle judiciaire, dont le président de la chambre d'agriculture, et 11 ont été mis en liberté provisoire, parmi lesquels l'ensemble du personnel de la CTW (Commission technique de wilaya). Constat ahurissant La nouvelle est tombée comme un couperet à minuit, car d'aucuns avaient peu d'appréhension à l'égard de ce dossier qu'on croyait en dormance à jamais. Pour rappel, des crédits colossaux ont été accordés par l'Etat au secteur de l'agriculture par le biais du FNRDA, plusieurs milliers de milliards de centimes. Le but de cette mesure économique à grande échelle étant théoriquement de booster ce secteur par la valorisation des ressources naturelles et la dotation de tout souscripteur agricole en outils de production. Accessoirement, l'idée-force prêchait d'enrayer l'exode rural par des moyens annexes attractifs afin de fixer la population rurale et d'inciter au retour celles ayant fuit la campagne durant la décennie noire. Au bout de deux années, aucun de ces objectifs n'a été atteint : l'exode a redoublé d'intensité et l'on continue à s'approvisionner du nord du pays en fruits et légumes. Ce dossier qui a défrayé la chronique n'aurait peut-être jamais été mis au grand jour, n'eût été le DSA, actuellement en poste à Khenchela, qui, à peine installé dans ses fonctions à l'époque, s'est mis à dérouler le film qui a caractérisé cette parodie de crédits alloués à tour de bras. Après avoir effectué des virées dans des exploitations douteuses, son constat fut des plus ahurissants. Plusieurs centaines de cas ont été répertoriés comme ayant contrevenu aux clauses du cahier des charges dont ceux qui n'ont rien réalisé. N'étant pas au bout de ses surprises, il recensera d'autres qui ne possédaient pas même de terres agricoles. Un ballet de commissions d'enquête du département de Barkat s'en est suivi et a abouti à la suspension du DSA de l'époque ciblée et de 11 subdivisionnaires. On estime à près de 8000 le nombre d'inscrits sous le couvert de la profession d'agriculteur et d'autres qui se sont révélés de faux propriétaires terriens. Ce serait dans leur majorité des commerçants et des fonctionnaires agissant sous des noms d'emprunt ou carrément des désœuvrés auxquels Dame fortune a souri. Pour s'en convaincre, il suffit de lorgner la catégorie ayant bénéficié de cette manne. Tout ce beau monde a profité des largesses de certains commis de l'Etat qui ont délivré à certains agriculteurs des attestations de service fait (ASF) fictives. Le préjudice est évalué provisoirement à 1800 milliards de centimes, bien que ce chiffre soit formellement contesté par l'actuel DSA. Quant à la BADR, elle crie haut et fort avoir débloqué les fonds sur la base des documents revêtus du visa des subdivisionnaires et d'entrepreneurs. On rappellera que le fameux PV 49, celui par qui tous les malheurs sont arrivés, totalise à lui seul et pour une seule situation la bagatelle de 500 milliards de centimes sous forme de décisions d'octroi de crédits. Enfin, l'instruction poursuit son cours et l'on parle de centaines d'auditions prochainement.