La voix de tous ceux qui tenaient un tel raisonnement a été tout simplement étouffée, prenant les effets pour une cause et jamais l'inverse. On s'étonne que les Palestiniens en viennent à s'entretuer et que le président Mahmoud Abbas ne dipose pas de moyens pour imposer l'autorité dont il a la charge. Israël l'en a dépourvu avec ses multiples agressions ciblant les institutions palestiniennes. Quant à se préoccuper de la sécurité d'Israël face à ce qui risque d'être une enclave islamique, cela relève tout simplement du cynisme, tant rien ne peut se faire sans Israël, en termes de circulation, de nourriture et autres approvisionnements. Cela parait tout simplement insensé, mais aussi criminel en ce sens qu'une telle approche perpétue un mensonge. Mais cela ne doit pas empêcher de porter un regard critique, sur cette guerre fratricide. Alors que se poursuit le bras de fer dans la bande de Ghaza désormais sous contrôle du mouvement Hamas, les regards se portent également sur la Cisjordanie, où la présence de ce mouvement est moins prononcée, mais bien réelle. Des militants des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, du parti Fatah du président Mahmoud Abbas, ont saccagé une dizaine de bureaux d'organisations liées au Hamas. Un école islamique, un centre culturel, des organisations de charité ainsi qu'une télévision et une radio, ont été vandalisés, selon des témoins et le Hamas. Depuis la prise de contrôle de la bande de Ghaza par le Hamas dans la nuit de jeudi à vendredi, les militants du Fatah s'en prennent systématiquement aux membres du Hamas en Cisjordanie. Plusieurs bureaux du Hamas ont été saccagés au cours des derniers jours à Naplouse, Jénine, Beitlehm et El Khalil. Un membre du Hamas a été abattu dans la nuit de jeudi à vendredi dans Naplouse. De son côté, le directeur de la police palestinienne a interdit aux policiers dans la bande de Ghaza de travailler avec le Hamas, qui a pris le contrôle du territoire. «Nous ne travaillerons pas avec un gouvernement illégal», a affirmé un haut gradé de la police sous couvert de l'anonymat, craignant des représailles de la part des islamistes. Les membres de la Force exécutive, contrôlée par le Hamas, étaient les seuls présents dans le quartier général de la police à Ghaza. Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères arabes ont condamné «les actes criminels» dans la bande de Ghaza et appelé au retour à la situation antérieure à la prise du pouvoir par le Hamas, lors de leur réunion extraordinaire vendredi au Caire sur la crise dans les territoires palestiniens et au Liban. Ils ont appuyé simultanément le président de l'Autorité palestinienne, ainsi que son rival, le mouvement islamiste Hamas, sans le nommer. Les chefs de diplomatie ont aussi décidé de former «une commission d'enquête arabe regroupant l'Egypte, l'Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie, la Tunisie et le secrétaire général de la Ligue arabe pour enquêter sur les violences dans la bande de Ghaza» et qui devra rendre «un rapport sur la situation d'ici un mois». De son côté, le prince saoud Al Fayçal a accusé les Palestiniens de «réaliser le rêve d'Israël qui rêvait d'allumer le feu de la discorde et de la guerre entre les Palestiniens». Le constat est sans appel, mais de telles accusations n'aideront pas à faire avancer la cause des Palestiniens. C'est un échec de la communauté internationale, et à force de tergiverser ou de faire le jeu de la seule partie israélienne, elle risque elle aussi d'en faire les frais.