La quatrième et dernière étape des élections municipales palestiniennes, qui s'est déroulée jeudi, a de nouveau mis en relief l'affaiblissement du mouvement Fatah, au pouvoir depuis 1994, dans les territoires palestiniens, aux dépens du mouvement islamiste Hamas. La victoire des islamistes était surtout dans les grandes villes de Cisjordanie, alors que le Fatah a dominé dans les petites localités. Selon un haut responsable de la commission électorale locale, le Hamas a obtenu la majorité des sièges dans les conseils municipaux de Naplouse, Jénine et El Bireh, alors que le Fatah et une coalition d'indépendants ont obtenu la majorité des suffrages à Ramallah. Chaque conseil municipal dans les grandes villes compte 15 sièges. A Naplouse, le Hamas en a remporté 13 contre 2 par le Fatah, à El Bireh, il en a pris 9 contre 4 pour le Fatah, et à Jénine il s'est adjugé 9 sièges contre 6 pour le parti au pouvoir de l'Autorité palestinienne. A Ramallah, le Hamas a obtenu 3 sièges contre 6 pour le Fatah et 6 autres pour une liste indépendante. Outre les 4 grandes villes, les municipales se sont déroulées dans 35 petites localités de Cisjordanie et trois autres de la bande de Ghaza. Les bons scores réalisés par le Fatah dans les petites localités lui permettent de devancer le Hamas en termes de nombre de sièges remportés dans l'ensemble des conseils municipaux élus. Le Fatah en a ainsi obtenu 35% contre 26% pour le Hamas, le reste allant à des formations de moindre importance ou à des candidats indépendants. Le taux de participation a atteint 75%, selon le responsable de la commission électorale locale. Le scrutin de jeudi a représenté le dernier avertissement au mouvement Fatah avant les élections législatives du 25 janvier prochain où le Hamas, qui participera pour la première fois, tentera de le détrôner, alors qu'il domine l'actuel conseil législatif palestinien. Les résultats du scrutin des municipales de jeudi sont en fait le miroir de la grave crise que vit le Fatah, principal mouvement au sein de l'Organisation de libération de la Palestine. Cette crise, due à un conflit de générations entre la vieille et la jeune gardes du mouvement a déjà causé l'échec des élections primaires au sein du Fatah, le 28 novembre, devant désigner ses candidats aux législatives et a causé des dépassements sécuritaires. Plusieurs bureaux de vote avaient alors été saccagés par des hommes armés. Toutes les tentatives de la direction du Fatah, à sa tête le président Mahmoud Abbas, ont échoué à parvenir à un consensus sur les personnalités qui doivent représenter ce grand mouvement au scrutin du 25 janvier. Le Fatah s'est retrouvé finalement avec deux listes au lieu d'une seule. La première désignée par le président Abbas avec l'actuel Premier ministre Ahmad Qoreï, Intissar El Wazir, veuve du défunt Abou Djihad, Raouhi Fatouh l'actuel président du clp, la deuxième comportant des éléments de la jeune garde du mouvement, à l'instar de M'hamad Dahlane, homme fort de la bande de Ghaza, Jibril Rejoub, Kadoura Farès. Merouane Barghouti, chef du Fatah en Cisjordanie occupée, emprisonné à vie en Israël, est à la tête des deux listes. En cas d'absence d'un accord permettant de former une seule liste d'ici le 1er janvier, dernier délai permettant aux différents mouvements d'opérer des changements au sein de leurs listes respectives, ses proches assurent qu'il restera sur la deuxième liste baptisée Al Moustakbal (l'avenir). « Il s'agit d'une aube nouvelle », a déclaré à la presse M'hamed Dahlane à propos de la liste rivale. « Nous resterons fidèles au mouvement, et le Fatah en sortira victorieux », a ajouté Dahlane, dont les compagnons craignent que la vieille garde de dirigeants ne mène le Fatah à la déroute en raison de leur réputation de corruption, et que le mouvement Hamas sorte grand vainqueur des législatives. Le dépôt de deux listes représentant le Fatah n'est sûrement pas en sa faveur. Les militants de ce mouvement attendent un sursaut de leurs dirigeants qui doivent, selon eux, mettre les intérêts du Fatah au-dessus de tout autre intérêt, car il y va de son avenir. En attendant cet important rendez-vous électoral, Israël continue de harceler militairement les militants palestiniens. Pas moins de 10 Palestiniens ont été assassinés durant la semaine passée par l'armée israélienne.