Mustapha Zitouni et ses proches continuent de souffrir dans l'indifférence totale de l'autre côté de la Méditerranée. L'ancien défenseur de l'équipe du FLN est dans un état qui inquiète beaucoup sa famille. Atteint de la maladie d'Alzheimer, l'enfant de Bologhine est devenu totalement dépendant de l'assistance médicale. Sa prise en charge dans un centre spécialisé ne peut être supportée par sa femme, ni par le faible revenu de ce monument du football algérien. Abordant le drame qu'est en train de vivre la famille Zitouni, un vieil acteur du football dira : « Voilà comment l'Algérie traite ses symboles, parce que Mustapha Zitouni en est un. Hier, lorsque l'Algérie avait besoin de l'engagement de ses enfants pour se libérer du colonialisme, Mustapha Zitouni n'a pas hésité un seul instant à se mettre au service de la cause nationale, en mettant entre parenthèses la fabuleuse carrière de footballeur professionnel qui lui tendait les bras. Il était partant comme titulaire en équipe de France pour la coupe du Monde en Suède (1958). Il a tourné le dos à la France et aux alléchantes propositions du grand Real de Madrid pour rejoindre ses frères de l'équipe du FLN. Aujourd'hui, alors que c'est lui qui a besoin de l'aide de l'Algérie, celle-ci lui tourne le dos. Les appels à l'aide et à la solidarité de sa famille n'ont trouvé aucun écho à Alger. » C'est triste et injuste. Dans l'affaire, Mustapha Zitouni n'est pas le plus à plaindre. Bien au contraire. Sa maladie n'est rien devant l'amnésie des autres. C'est tout le drame de cette histoire. C'est malheureusement le sort réservé aux braves, ceux qui ont épousé la cause nationale sans calcul. Des milliards sont dépensés pour entretenir un sport roi qui n'en finit pas d'agoniser et sur le dos duquel s'enrichissent de prétendues vedettes de football, avec la complicité de ceux qui ont fait du ballon rond un lucratif fonds de commerce. Que représente une petite aide matérielle à la famille Zitouni pour permettre à Mustapha d'être pris en charge et à sa merveilleuse femme courage de veiller sur lui sans laisser toutes ses forces dans la difficile tâche qui consiste à lui assurer une assistance de tous les instants ? A 77 ans, Mme Zitouni ne peut s'occuper toute seule de son mari. La prise en charge d'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ne peut être assurée par une personne âgée. C'est la raison pour laquelle la famille Zitouni fondait beaucoup d'espoirs sur un geste du côté d'Alger. il n'est jamais venu. Il y a pire, à en croire un ancien co-équipier de Mustapha Zitouni qui souffle : « Il y a quelques jours, Mme Zitouni s'est déplacée à Alger dans la perspective de rencontrer un membre du gouvernement pour évoquer avec lui l'état de son mari ainsi que la meilleure voie pour lui venir en aide. Elle a été reçue par un des cadres du département de ce responsable. L'entretien n'a débouché sur rien de concret et Mme Zitouni est rentrée chez elle sans avoir rien obtenu. Elle s'est déplacée pour rien. » Mustapha Zitouni mérite mieux que le mépris affiché à son égard par ceux qui ont la mémoire courte. Un de ses proches aura ces mots durs : « C'est une trahison qui n'honore pas ses auteurs et qui grandit Mustapha Zitouni qui n'a jamais rien demandé. S'il était conscient du drame qui se déroule actuellement, il aurait refusé le moindre geste de la part de ceux qui ont la possibilité d'agir mais qui ne le font pas. La famille Zitouni s'est drapée dans sa dignité et refuse l'aumône. » L'histoire se chargera de juger les hommes. Surtout ceux qui ont tourné le dos à celui dont un jour la vedette du Real Madrid, Alfredo Di Stefano, a dit : « J'avais comme adversaire le meilleur arrière central du monde. »