A peine est-elle née, la coopérative de théâtre animaculte de Guelma a monté deux pièces Achkoun Ana et Naârfou Baâdhana, exactement en l'espace de deux mois. Bien sûr, les comédiens sont chevronnés, ceux de l'association Houari Boumediène qui existe et active depuis 1978, et les textes ne sont pas des moindres, le premier est celui de Djamel Bensaber, qui n'est pas à présenter, et le deuxième celui de Abdelwahab Bouhmam, qui, lui aussi, des planches n'en est pas moins connu. Elles ont été présentées dernièrement. Avec Achkoun Ana, Djamel Bensaber revient avec un monologue fracassant, soliloqué par Zahra, personnage incarné par la comédienne et actrice Adassi Ismahane, lauréate dernièrement d'un prix d'interprétation féminine au Festival de Mosta. Veuve de chahid, Zahra, mi-folle mi-sage et lucide, vadrouille dans les rues et parle de la réalité du pays. Des réminiscences la font revenir inexorablement à sa courte vie aux brefs moments de lutte et de bonheur avec Mohamed, son défunt mari, et à leurs rêves étouffés, à leur idéal non accompli. Jeu allégorique Zahra, le tapis et Mohamed, est une fleur, le tapis représentant les traditions ou le pays et son mari Mohamed, telle est la symbolique lourde de sens qui est donnée au spectateur dans un texte truffé de subtilités. Le musicien et comédien Saïd Bouaouina accompagne le monologue et la gestuelle de Adassi Ismahane, en jouant à la guitare sèche un air musical d'une terrible tristesse, et en fredonnant par moments des chansons tout autant mélancoliques. Le deuxième personnage, interprété par Ahmed Merzougui, est un peintre, qui, en faisant le portrait de Zahra, l'écoute parler, et, finit par se suicider. Désappointée au plus haut point, Zahra, qui voit ses deux jumeaux mourir, dit à un moment donné, dans un passage du texte qu'elle préfère aux 42 ans d'indépendance, le retour de son défunt mari Mohamed ! En plus de Tahar Mekhancha, les mêmes comédiens interprètent l'autre pièce Naârfou Baâdhana de Abdelwahab Bouhmam. Fidèle à son théâtre, ce dernier continue à disséquer la réalité sociale, voire la société. Cette fois-ci, il la représente par une machine en panne, dans une comédie où le rire est assuré. Tahar Mekhancha, Saïd Bouaouina, Ahmed Merzougui et Ismahane Adassi s'éclatent et donnent le meilleur d'eux-mêmes. On comprendra que ce n'est pas la machine qui est en panne mais plutôt ses opérateurs, ses utilisateurs. Un passage parle de la presse et des journalistes. De fait, on menace de faire couler le sang à quiconque ne sait pas retenir sa salive ! A la fin, c'est un enfant qui se propose de diriger la machine, et qui en réclame les clés.