Elle est trentenaire, elle adore Paco De Lucia, elle est amoureuse, passionnément… des arts, pas du tout mineurs ; elle est artiste, bien qu'elle ne se voit pas «en peinture» car modeste, et elle est une fraîche émoulue galeriste officiant au sein d'un espace baptisé Gaya… Tel est le pedigree d'une autodidacte à la joliesse naturelle. Une templière des arts plastiques pas comme les autres au look vintage très années 1970. Une «agitateuse de talents» qui s'appelle Hania Bogherbal, insufflant et soufflant un bon… vent nouveau à la témérité juvénile. Cependant, à l'exubérance créative communicative. Et pour cause ! La galerie Gaya est un petit coin de Florence puisant sa substantifique moelle de la palette diverse et multiple de ces plasticiens méconnus ou reconnus. Présentant sa galerie, Hania nous révélera que l'idée du choix d'une telle dénomination a été inspirée par ce prénom antique Gaya : «C'est la terre, la mère nourricière, et c'est là que tout a commencé.» Aussi, Hania, à son corps défendant, matrice picturale, materne, à sa manière, ce cercle des poètes retrouvés, en leur offrant une tribune de choix promouvant leur empâtement inaugural ou bien léché, à l'image de la cimaise de l'artiste peintre Djenidi, exposant sous les auspices de la galerie Gaya. Une collection déclinant un trait figuratif pittoresque, bucolique, urbain et insulaire. Et puis, cette mélomanie foncièrement très jazzy et à la note bleue transposée avec magnificence. Une gamme éloquente et orchestrale ! «Djenidi est un artiste ayant de grandes capacités», cautionnera et encouragera Hania. Cette self-made-woman, Hania, ayant fréquenté une école parisienne de mode, de création et de prêt-à-porter, s'exprime sans complexes quant à sa formation picturale : «Je suis autodidacte. Je me suis formée sur le tas…» Sentant les arts à fleur de peau et de l'âge, elle en parle avec passion : «La peinture, c'est l'amour de ma vie. Cela véhicule de l'émotion. Je ne crois pas au hasard. Je suis un peu ésotérique et mystique sur les bords (rires). Cet espace est un challenge. Il y a énormément à faire en matière de découverte de talents. Il y a d'excellents artistes-peintres. C'est une terre qui n'est pas encore conquise. La facilité d'exposer une "croûte" ne m'intéresse pas. La galerie tend vers le contemporain. Il n'y a pas d'exclusion ou autre mépris concernant des artistes. Bien sûr, il faut une sélection. Au contraire, je suis ouverte. Et puis, tout cela n'est pas motivé par de l'argent…» Animée par une dévorante passion, Hania, la peinture envahit son espace vital. Elle travaille dans son antre Gaya, son atelier de Bouzaréah, et dans sa propre… chambre. C'est dire l'ampleur de ce grand amour ! «Je travaille à plat (à même le sol). J'ai un meilleur point de vue de la toile. Etre au-dessus, on domine tout…» Elle nous montrera une de ses œuvres, non sans pudeur. Un tableau détonnant agréablement, africanisé, primitif et ombilical. «Je ne suis pas prête à exposer. Je ne veux pas me dévoiler. C'est très difficile, intime et personnel. Un "rendu" des épreuves et meurtrissures de la vie…», argumentera-t-elle. C'est sûr, Hania est, sans jeu de mots, la quiétude incarnée. Celle d'une «mère» spirituelle comme Gaya !