Giovanni Tcina, le président-directeur général de la cimenterie de Hdjar Essoud, située dans la commune de Azzaba, wilaya de Skikda, a été limogé hier, selon des sources proches du complexe, par le groupe RCE de l'Est. Soupçonné de dilapidation de 600 millions de centimes et d'attribution douteuse de marchés au profit d'entreprises privées et étrangères, le conseil d'administration (CA) a exigé son départ immédiat. Pour des raisons qui restent encore inconnues, les responsables de la cimenterie de Sour El Ghozlane, devant être gérée également par les cadres italiens de cette dernière, auraient refusé l'ouverture de son capital pour Buzzi-Unicem. Cette décision inattendue est intervenue après une gestion italienne de plus de 14 mois. En effet, c'est à partir du 1er février 2008, que la cimenterie H'djar Essoud est passée sous la gestion totale des Italiens et ce, jusqu'en 2012. Après avoir affiché son intention d'accéder au capital de la cimenterie H'djar Essoud, la société italienne Buzzi-Unicem, l'un des leaders mondiaux de la production de ciment, y avait accédé à hauteur de 35%, représentant un apport financier de 58 millions d'euros. L'intéressement des Italiens à la cimenterie H'djar Essoud n'est pas fortuit. Selon le bilan financier de l'entreprise, le chiffre d'affaires réalisé en 2007 était de 320 milliards de centimes dont un bénéfice net de 110 milliards avec une capacité de production théorique de 900 000 t/an. Ce qui lui avait valu le titre de l'une des plus performantes entreprises en Algérie, voire à l'échelle mondiale. Des chiffres qui seront loin d'être atteints puisque l'italien a été déficitaire, à la fin 2008, d'environ 33 milliards de centimes par rapport à la production de 2007. Cette décision de limogeage de Giovanni Tcina intervient alors que « la mercuriale » du ciment connaît une hausse vertigineuse, le sac de 50 kg étant cédé à 650 DA. Ce qui a mis le secteur de la construction en pleine crise. A titre d'exemple, dans la wilaya de Annaba, forte de plus de 750 000 habitants, les différents projets de construction, tous types confondus, connaissent d'importants retards. Lancés à travers plusieurs étapes, ils avancent pour la plupart au ralenti. Les raisons sont aussi diverses que complexes. Vraisemblablement planifiée par la maffia, la pénurie persistante du ciment dans les régions de l'est du pays est la plus grave. Elle profite seulement aux spéculateurs. Nombreux sont les entrepreneurs publics et privés, dont des Chinois, à se bousculer quotidiennement devant le portail de la cimenterie H'djar Essoud de Azzaba (Skikda) pour un hypothétique bon de chargement de ciment au moment où, sur le marché noir, ce matériau est largement disponible à 650 DA l'unité. Le justificatif est toujours le même. Sur place, on nous affirme que les installations de la cimenterie connaissent des travaux de maintenance ou de réparation. Ce qui n'est le cas lorsqu'il s'agit des spéculateurs qui, eux, sont paradoxalement servis à volonté.