Tambour, karkabous, guembri et des processions pénétrant dans les rues et les ruelles, ameutant les familles par les sons et les danses. Le chant est rare mais des litanies invoquant Allah et son Prophète ne laissent pas insensibles. Diwan Gnaoua, le nom du groupe devenu El Hillal que dirige Bahaz, est composé de pas moins de dix éléments dont la moitié appartient à la famille Bahaz et Mohamed, 66 ans, ne cessant point de fabriquer les instruments, d'aller à la recherche de peaux de chameaux au Sahara. «Je crois à cette culture léguée par mes ancêtres et je dois dire que j'ai pratiquement imposé le genre dans les manifestations culturelles qui se passent à Blida», dira calmement le père, l'homme reconnu par des artistes comme Denis Martinez, qui ne rate jamais une rencontre avec le groupe lors de ses venues en Algérie. La troupe est alors emmenée dans les pérégrinations du peintre aux fins fonds de la Kabylie ou sur les hauteurs de Blida, à Sidi Kebir. Leur venue est synonyme d'animation de la ville de Blida, celle-ci sort alors de sa léthargie avant de se rendormir de nouveau pour de longs mois. Les sons, l'eau, la pierre : tout est recherche d'un patrimoine est susceptible d'assurer la jonction de différents maillons d'une culture déstabilisée, jamais sereine, se reconstruisant à chaque fois et s'enrichissant d'apports enfouis quelque peu volontairement. Beaucoup redoutent cette recherche et cette dynamique, mais Bahaz n'en a cure. Le temps lui donne raison : Sallou âla nabina, répété sur plusieurs tons donne le tournis, envoûte les auditeurs. Des spectacles gratuits le long des chemins, mais Bahaz veut se sédentariser, transmettre son savoir. Il a assuré une tournée en France grâce à l'initiative de Denis Martinez en 2003, et a assuré sa place chaque année dans les manifestations organisées à Blida, il compte revenir à Marseille au mois de septembre prochain, il prévoit aussi une tournée au Canada et aimerait bien faire découvrir une des facettes de la culture algérienne en Syrie. Un film documentaire avec Zahzah et l'édition prochaine d'un album permettraient, sans doute, d'immortaliser le passage du toujours jeune Bahaz, capable de tenir une danse sur scène durant des heures. Le gnawi «blidéen» a su préserver un art authentique avec des instruments spécifiques comme le karkabou (castagnettes en fer), le guembri (instrument à trois cordes fabriqué en peau de chameau), le gougui (de forme circulaire, il ressemble au violon) et le kerketou (on tape dessus avec deux baguettes) ; les textes de Rebbi moulay , Bazba hammou hammouda , Baba Merzoug .