Il y avait foule, hier en fin d'après-midi, devant le siège du FLN, à Alger, où de nombreux journalistes attendaient l'arrivée de Abdelaziz Belkhadem, ancien secrétaire général du parti, interdit, en 2014, par un décret présidentiel, de toutes activités avec les institutions de l'Etat. Souriant devant les caméras en saluant au passage de nombreuses personnes, l'ancien chef de gouvernement venait de quitter le bureau de Mouad Bouchareb, coordonnateur du directoire du FLN. D'emblée, il déclare que le parti, qui «n'est ni une société par actions ni une ferme, doit se délester des intrus», sans en préciser les détails. Visiblement, Belkhadem dresse ses conditions à un retour au parti. Mais, son invitation au dialogue autour de l'avenir du FLN signifie-t-elle l'ouverture de la grande porte de l'ex-parti unique ? Probablement pas. Selon des sources bien informées, Belkhadem fait partie d'une longue liste de personnalités du FLN, en fonction, à la retraite, ou exfiltrées pour une raison ou une autre, avec lesquelles Bouchareb devra discuter sur l'avenir du parti, avant que le grand ménage ne soit fait dans la maison FLN. Ceux qui le connaissent affirment qu'il a longuement hésité avant de répondre positivement à l'invitation. «De par son statut d'ancien secrétaire général du FLN, de son poste d'ex-chef de gouvernement, mais aussi en raison de la manière avec laquelle, il a été éjecté du parti et des fonctions de l'Etat, il avait peur de revenir dans le monde de la politique. Après une longue réflexion, il a fini par dire oui à Mouad Bouchareb. Il sait que cette invitation ne lui ouvre pas réellement les portes, mais elle lui permet de dire ce qu'il a à dire», révèlent nos interlocuteurs. Mais, pour ces derniers, Belkhadem reste, néanmoins, le seul ancien responsable du parti «à n'avoir pas cette qualité en vertu d'un décret présidentiel, qui à ce jour n'a pas été annulé». Raison pour laquelle son invitation au dialogue par Mouad Bouchareb a été une surprise pour bon nombre de cadres du FLN. D'autres, par contre, affirment que «Mouad Bouchareb, en tant que coordonateur d'un directoire provisoire, est dans une logique de discussion et de débat, rien de plus. La feuille de route qu'il a entre les mains l'oblige à écouter tous les mécontents et les opposants qui sont en dehors du parti, ainsi que les anciens cadres et ceux qui sont encore en activité, en attendant la tenue du congrès extraordinaire, dans un climat apaisé. Cette refonte va donner un nouveau visage au parti. Les plus hauts décideurs qui dirigent de loin les affaires internes du FLN ont tout finalisé, y compris le choix du prochain secrétaire général». Pour nos sources, «même s'ils font partie des personnalités invitées par Mouad Bouchareb, les cadres, qui ont une responsabilité dans la destruction de l'intérieur du parti, n'auront pas de place dans la démarche de refondation du FLN. Celle-ci se fera avec les vrais militants qui vont lui donner une nouvelle image pour assumer un rôle prépondérant dans les mois à venir».