Au siège du parti à Hydra, Abdelaziz Belkhadem est accueilli par une foule de militants et de cadres. Après quatre longues années, l'ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN – 2005-2013) revient sur le devant de la scène politique à quatre mois de l'élection présidentielle 2019. Reçu par Mouad Bouchareb, coordinateur de l'instance dirigeante du FLN, Belkhadem est désormais réhabilité. Homme de premier plan, il serait difficile de croire que l'ancien chef de gouvernement (2006-2008) va se contenter d'un simple rôle dans la nouvelle feuille de route assignée par le président Abdelaziz Bouteflika à Bouchareb. D'emblée, Abdelaziz Belkhadem remerciera le chef de l'Etat d'avoir «levé l'injustice» sur les militants et décidé de «redresser la ligne du parti» en chargeant Mouad Bouchareb, avant de décliner les priorités à même de permettre au FLN de retrouver sa santé. «Ce qui devrait être au cœur du travail, à mon sens, c'est d'abord de vider le parti des intrus», a déclaré l'ancien SG du FLN, lors d'un point de presse commun improvisé avec le coordinateur de l'instance dirigeante, appelant, d'autre part, à «combattre la corruption et à mettre fin à l'achat des consciences». Le FLN, a soutenu Belkhadem, «n'est pas une société par actions ou une usine. Il n'est ni à vendre ni à louer». À l'entendre, on dirait que l'ancien ministre d'Etat, conseiller de Bouteflika, trace les grandes lignes de ce que devra être le FLN à l'avenir. S'agit-il de conseils destinés à Bouchareb ou d'une mission qu'il veut exécuter en personne ? En d'autres termes, Belkhadem serait-il tenté de reprendre les rênes du FLN ? À cette question, il se montrera, certes prudent, tout en laissant une brèche qui prête à beaucoup d'insinuations. Pour Abdelaziz Belkhadem, «il faut enraciner la pratique démocratique au sein du FLN et laisser les militants choisir leurs représentants de la kasma jusqu'au secrétaire général». Comprendre que si les militants le portent à la tête du parti, il ne s'opposerait pas. Pourtant, en 2014, Abdelaziz Belkhadem avait été excommunié, de la manière la plus humiliante, des rangs du parti par le président de la République et à travers une dépêche de l'agence officielle APS. «Le président Bouteflika a pris un décret en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat», avait à l'époque précisé une source relevant de la présidence, ajoutant que «contact a été pris avec M. le secrétaire général du Parti du Front de libération nationale (FLN) à l'effet de prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem au sein du parti et interdire sa participation aux activités de l'ensemble de ses structures». C'est dire qu'après un tel renvoi, Belkhadem n'aurait jamais été réhabilité par Bouchareb sans l'accord préalable du président Bouteflika. En l'appelant à la rescousse dans ce moment précis qui précède l'organisation d'un congrès extraordinaire rassembleur, c'est qu'il est fort probable de le voir de nouveau aux commandes. Bien qu'il se montre disposé à «aider» Bouchareb dans sa mission, Belkhadem sait bien à qui il a affaire. Mouad Bouchareb, de par sa qualité de président de l'APN, serait incapable de gérer et la Chambre basse du Parlement et le parti. L'ancien SG a, dans ce cas, de fortes chances de reprendre le poste d'où il a été destitué en janvier 2013. A l'approche de l'élection présidentielle 2019, le pouvoir n'a pas intérêt à maintenir le premier parti majoritaire déstabilisé. Un homme qui ferait consensus et surtout capable de vendre un meilleur discours que celui auquel nous ont habitués Amar Saâdani puis Djamel Ould Abbès, est tout ce dont il a besoin. En prévision de ce rendez-vous, Belkhadem, interrogé sur la possibilité de se voir candidat, s'est contenté de dire qu'«il est toujours sur sa position, laquelle est connue de 1999 à 2004, à 2009 et à 2014».