Alors que tout portait à croire que Mouad Bouchareb allait coordonner la destinée du FLN, «en haut lieu» il a été décidé de confier cette mission à un nouveau responsable. A l'issue d'une réunion de hauts responsables du parti, le choix a été porté sur une personnalité, ancien ministre, ex-conseiller à la Présidence, ayant une longue carrière dans l'administration locale. Rassembleur, il aura à exécuter une feuille de route, avec comme priorité la remise sur les rails du parti, avant l'élection de 2019. Une semaine après la mise en congé longue durée de Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN, et son remplacement par Mouad Bouchareb, président de l'Assemblée nationale, comme coordinateur d'un directoire, l'ancien parti unique n'est toujours pas sorti de la crise qu'il traverse depuis près de trois ans. D'un côté, un Djamel Ould Abbès qui résiste à son éloignement de la gestion des affaires du parti, en criant haut et fort qu'il n'a jamais été démissionnaire, et d'un autre, une opposition de plus en plus forte contre la désignation d'un successeur à polémique qui traîne comme un boulet une légitimité entachée à la tête de l'Assemblée. L'idée d'un directoire, dont les contours ne sont pas encore définis, n'a pas suscité l'adhésion de la majorité, qui reste tiraillée entre les partisans de Djamel Ould Abbès, Amar Saadani, des anciens caciques exfiltrés des instances du parti et de tous les mécontents laissés en cours de route durant ces dernières années. Autant dire que les fissures des murs de la maison FLN s'élargissent de plus en plus à l'approche de l'élection présidentielle de 2019. Lundi dernier, une réunion en haut lieu a été tenue à Alger pour discuter de la nécessité de trouver une personnalité à laquelle sera confiée la destinée du parti. Selon une source bien informée, «la carte Mouad Bouchareb a été abandonnée au profit de la désignation d'un nouveau responsable du FLN, qui aurait la qualité de rassembleur et dont la feuille de route, qui lui sera remise, consiste à réunifier les rangs, tenir un congrès extraordinaire et renouveler les structures pour être en respect de la loi avant l'échéance de 2019». Pour notre interlocuteur, le choix de ce nouveau dirigeant a été porté sur un membre, un ancien ministre, qui a fait sa carrière dans l'administration locale et occupé le poste de conseiller à la Présidence. «Il a l'avantage de faire partie du comité central et de ne pas susciter de fortes animosités au sein du parti. Même s'il ne s'agit pas d'une grosse pointure, il reste très respecté. Il a les capacités de faire le ménage dans la maison FLN, sans soulever de vagues. Lors de la réunion de lundi dernier, la proposition de cet ancien ministre a vite été validée», explique notre source. Celle-ci évite d'évoquer les éventuelles directives de la présidence de la République, mais finit par avouer : «Bien que le Président ait son mot à dire à propos de la destinée du FLN, étant donné qu'il préside ce parti, le nouveau chef du parti a la confiance du Président et de nombreux cadres dirigeants du FLN», explique notre interlocuteur, précisant que le nom de cette personnalité devrait être rendu public incessamment. Mais, bon nombre de cadres du FLN étaient déjà informés. Beaucoup ont exprimé leur satisfaction et d'autres leur scepticisme, pour ne pas dire déception. Mais déjà, ceux qui restaient attachés à Djamel Ould Abbès ont fini par abdiquer. Parmi eux, Ahmed Boumehdi, membre du bureau politique, qui a qualifié la mise en congé du secrétaire général de «putsch déguisé» et martelé à tous les médias qui l'ont sollicité que Djamel Ould Abbès «n'a pas démissionné», allant jusqu'à affirmer que ce dernier «continue d'assurer ses fonctions à partir de son domicile». Hier, Ahmed Boumehdi a échoué dans sa tentative de pousser le bureau politique à se positionner en faveur du désormais ex-secrétaire général. La réunion à laquelle il avait appelée a été annulée après avoir eu écho des mesures prises en haut lieu, alors que les colossaux efforts du ministre chargé des Relations avec le Parlement pour créer une association des anciens élus du FLN sont voués à l'échec. Pour nos interlocuteurs, «cette association avait pour objectif de couper l'herbe sous les pieds de Djamel Ould Abbès. Après son départ, l'association n'a plus sa raison d'être. Celui auquel le FLN sera confié aura pour priorité de rassembler les rangs du parti, et non pas les diviser encore plus en faisant appel à une association d'anciens élus qui sont tous encartés. Faisant partie de ce lobby politico-financier qui mine le FLN, Beda, tout comme Mustapha Rahiel, l'organique du FLN, l'ont bien compris. Leur sort reste incertain, raison pour laquelle ils n' avaient pas intérêt à s'opposer à des directives d'en haut». Visiblement, en «haut lieu», le FLN constitue «un enjeu majeur» pour la prochaine élection. «Il sera appelé à jouer un rôle prépondérant pour assurer une succession sereine», concluent nos sources.