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L'homme au dribble irrésistible !
Publié dans El Watan le 06 - 03 - 2008

Le débit lent, la langue encore lourde, Dahmane soupire, un peu las, en essayant avec courage de surmonter ce cap difficile. En convalescence en France parmi les siens, il sait que le plus dur est passé. Plus de 22 mois sont passés depuis le grave accident cérébral qui l'a affecté en ce funeste 1er mai 2006. On avait craint le pire pour lui. Il dut rester en semi-coma pendant plusieurs jours avant d'être transféré en France. L'épreuve a été difficile pour lui et ses proches. Il a fallu du temps pour se réveiller du cauchemar.
Le Dr Rachid Lalla n'use pas de pirouettes pour dire ses sentiments envers son ex-coéquipier. «J'ai eu la chance d'avoir joué à l'USMA et le privilège d'avoir côtoyé ce monument. On ne peut parler de l'USMA sans évoquer le nom de Meziani. C'est un gentleman, un artiste qui faisait vibrer les stades. Sa gentillesse, son humilité font de lui un joueur exemplaire.»
Enfant, il était doué, il promettait beaucoup, témoigne son frère Boualem qui l'entoure de tous les soins depuis ses ennuis de santé. Abderahmane n'a-t-il pas été le plus jeune international à endosser les couleurs nationales le 4 janvier 1963 ? «Ce jour-là, il eut le culot de marquer un but historique qui valut au Onze national son premier grand succès (2-1) face à la Bulgarie. Dans l'euphorie de l'indépendance, c'était la cerise sur le gâteau», se rappelle Hamid Benkanoun, ancien attaquant des Rouge et Noir des années 1960.
Dans son club, Meziani formait avec Krimo Rebbih et Hamid Bernaoui un trio magique. Meziani doit ses exploits à sa classe, sa facilité du dribble. «Lorsqu'il attirait son vis-à-vis vers le flanc, je ne vous dis pas les dégâts qu'il occasionnait au défenseur, à la grande joie des supporters ravis, se souvient Sid-Ali, vieux fan aujourd'hui désabusé par la situation de l'équipe. Le dribble de Meziani, qui était irrésistible, le faisait tomber cependant dans son péché mignon, «le petit pont» dont il raffolait et un individualisme excessif. Ses «fantaisies» faisaient entrer parfois son entraîneur Bellamine dans une colère noire, mais ce dernier, magnanime, savait pardonner. Un jour, Bellamine, homme pondéré, mélange de sagesse et de malice, nous avait confié : «Le jour où Meziani jouera pour l'équipe, il deviendra sans doute l'un des joueurs algériens de premier plan.»
Un footballeur doué
Feu follet sur le terrain, Dahmane dans la vie de tous les jours est aussi discret qu'une ombre. Youb et Meziani se sont connus très jeunes au quartier. Le premier jouait au sporting de Bab El Oued, le second au Mouloudia. Les deux compères ne se quittaient pratiquement jamais. «Meziani, c'est un frère pour moi. Derrière sa fausse nonchalance se cache un joueur de grande classe, un homme extraordinaire, affable, peu loquace, doté d'une grande intelligence. Des joueurs de sa trempe, on n'en fait plus hélas, regrette Nounou Youb, supporter éternel des Rouge et Noir. Maintenant qu'il se rétablit, Dahmane a besoin du soleil de son pays, de ses amis, de son environnement habituel. Vivement qu'il revienne parmi nous.» Youb, qui lui a rendu visite à la Fondation Rotchild en France où il était hospitalisé, a constaté l'évolution de son état. «Au début, il était dépendant à 100%. Son épouse, tout le temps à ses côtés, a été d'un apport et d'un courage exemplaires», relève-t-il.
Retour en arrière pour cerner la personnalité de celui que les supporters affublèrent du sobriquet «Mezmez». Il entama sa carrière au Mouloudia d'Alger en 1955, puis opta pour l'ASPTT avant de signer pour l'ASSE considéré à l'époque comme un vivier de talents. Abderahmane est champion d'Algérie à 17 ans où il marqua un but d'anthologie contre Sidi Bel Abbès.
A l'indépendance, il ne pouvait pas aller ailleurs qu'à l'USMA dont Hadj Kemat était un dirigeant influent. «C'est lui qui m'a suggéré ce club. Je ne pouvais pas lui dire non, comment pouvais-je refuser à Kemat, mon oncle ! C'est lui qui a réuni une pléiade de grands joueurs comme Nassou, El Okbi, etc. pour former ce qui allait être l'une des meilleures formations du pays.
El Okbi, Nassou et les autres
«En équipe nationale, le but que j'ai marqué contre la Bulgarie restera gravé dans ma mémoire. C'était mon baptême de feu en sélection face à une équipe qui venait de battre la France en éliminations de Coupe du monde. Le sourire bienveillant, Dahmane conte les péripéties de sa carrière avec des détails précieux. Reconnaissant, il aura toujours un mot tendre pour ceux qui lui ont donné quelque chose comme les entraîneurs De Villeneuve à l'ASSE, Bellamine, Chaïd Ali ou Bentifour, même si sa préférence va à Saïd Amara. «L'un des meilleurs entraîneurs d'Algérie. Un homme qui connaît son métier sur le bout des doigts et ce qui ne gâte rien a aussi été un grand défenseur.»
Dahmane fait appel à ses souvenirs pour nous conter, un brin amusé, les deux buts inscrits contre la Libye à Tripoli et l'anecdote qui s'en suivit. «Après le match, on a eu quartier libre. On est sortis Boubekeur, Nassou et moi ; on a loué une calèche dont je tenais les rênes. A un moment, la calèche s'immobilisa net devant un feu rouge. Ce qui fit dire à Boubekeur ‘'ici même le mulet respecte le code de la route : On avait beaucoup ri ce jour-là.» Lorsqu'on lui suggère de nous relater son meilleur souvenir, Meziani n'hésitera pas un seul instant. «La victoire contre le MCA et le but inscrit après avoir fait un petit pont à Maloufi.» On vous le disait : «Dahmane ne pouvait se passer de son péché mignon. Son plus mauvais souvenir : «les 9 finales de coupe d'Algérie perdues par l'USMA». Il n'en fera pas de commentaires, lui qui suit de loin l'évolution de notre football au creux de la vague. «Il a touché le fond. Pire que ça, je ne vois pas. Des éliminations précoces dans les différentes compétitions, un niveau bas. Bref, un mauvais feuilleton qui caractérise chaque week-end les péripéties d'un championnat sans saveur, truffé de scandales. Jusqu'à quand devra-t-on se complaire dans cette situation peu enviable», s'insurge-t-il avec l'espoir que les choses évolueront peut-être un jour dans le bon sens. Et l'USMA ? «Elle est à l'image du football national dans sa globalité. Cela nous fait mal de voir un tel gâchis. Pourtant, les moyens existent et les conditions sont bien meilleures qu'à notre époque», regrette-t-il amer avant d'ajouter dépité : «Vous n'avez qu'à voir l'équipe nationale, c'est une véritable catastrophe. Avant, il y avait des joueurs de talent comme Selmi, Lalmas, Mattem, Guitoun. Aujourd'hui, se lamente-t-il, on a l'impression que les joueurs ont l'esprit ailleurs, ne jouent pas avec cœur.» Meziani a gardé contact avec ses anciens amis dont certains lui ont rendu visite pendant son hospitalisation, comme Saâdi Abdelkader, Bachi, Guedioura, Belbekri, les frères Tahir… «Le football, insiste-t-il, ce n'est pas seulement sur le terrain, c'est une école de camaraderie qui renforce les liens entre les hommes et les peuples.»
Aïssaoui se souvient
Mouldi Aïssaoui a connu Meziani en 1967 quand il est venu à l'USMA. «On est vite devenus des complices, soudés par une amitié totale avec des sentiments très forts. On ne s'imaginait pas ailleurs qu'à l'USMA. Même les offres mirobolantes n'altéraient pas notre amour pour le club. Meziani c'était la vedette. Il avait l'habitude de venir le dernier pour sortir des vestiaires le dernier, dans le but avoué de tenir en haleine les supporters. A certains moments, je traînais dans les vestiaires pour le taquiner, juste pour blaguer, alors nerveux il m'interpellait. Qu'est-ce que tu attends pour sortir. Pour l'anecdote, on était partis à Tunis pour joueur la coupe du Maghreb des clubs. La veille du match, on avait joué au poker. Meziani avait raflé la mise. Alors faisant mine d'être démoralisé, je lui avait dit qu'il ne fallait pas compter sur moi pour le match. Instinctivement, il nous a remis notre argent. Il y avait une ambiance indescriptible qu'on ne trouve plus maintenant. En tout cas moi, je me considérais à l'USMA comme étant dans ma famille.»
Selmi Djillali, qui a été lui aussi un artiste dans son genre, se souvient de la classe de Dahmane. On était à l'OMR et on allait le voir jouer à
Saint-Eugène. Après, j'ai joué contre lui, nous sommes devenus amis. Le hasard a voulu qu'on se rencontre en 2000 aux Lieux saints lors du pèlerinage. Meziani, confie-t-il, «est doté d'une classe indéniable. C'est un joueur subtil qui sait transpercer les défenses et faire basculer un match. C'est un homme charmant plein d'humilité et fidèle en amitié».
Ghazi Djermane est aussi l'ami des bons et mauvais moments. Des amis intimes et de longue date. En 1960, on a joué la coupe de France. Le Gallia contre l'ASSE. Moi je jouais au Gallia. Dahmane devait venir me chercher au Clos Salembier pour descendre au stade des Anasser. Il avait une Vespa, l'un des rares à en posséder. Je l'ai attendu, mais à une demi-heure du match, j'ai perdu patience et je suis parti en trombe au stade. J'ai appris par la suite que Dahmane a été arrêté au Boulevard Bru par les flics gallistes qui voulaient l'empêcher de jouer. Son entraîneur De Villeneuve hors de lui, ne voyant rien venir, a dû procéder à son remplacement par Guerrache ! Lehtihet Bachir, l'incontournable défenseur de la JSD l'a connu au lendemain de l'indépendance. «Il faisait partie de l'équipe du Croissant-Rouge de la zone autonome qui avait fait une tournée dans le Constantinois et joué contre une sélection de Jijel dont je faisais partie. Depuis on a lié une solide amitié. Je peux témoigner : Meziani est un monsieur avec un grand M. Quoi de mieux pour décrire cet artiste à qui on souhaite un bon rétablissement et un retour rapide parmi nous.»
PARCOURS
Abderahmane Meziani né le 12 mai 1942 à Alger est issu d'une famille respectable de commerçants. Après avoir joué en minimes au MCA, il opta pour l'ASPTT pour signer une licence à l'AS Saint-Eugène qui renfermait des joueurs de grande valeur. A l'indépendance et à l'instigation de son oncle Hadj Kemat, il intègre l'USM Alger qu'il ne quittera plus. Son premier titre, il le gagnera avec son équipe en 1963 face à l'USM Annaba (2-2) aux pénalties. Il eut l'insigne honneur de donner la victoire à l'Algérie face à la Bulgarie (2-1) en 1964.
Sélectionné à plusieurs reprises en équipe nationale, Abderahmane s'est distingué par son jeu subtil, ses dribbles déroutants. Il dit sa peine de voir le football national tomber aussi bas. «C'est une catastrophe», constate-t-il amer.


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