Contactée, Karima Bouraoui, directrice générale de l'école nous explique que le but est «de sensibiliser les décideurs, les DRH et les collectivités locales sur le bruit et la nécessité de le diminuer, en présence des experts nationaux et internationaux». Dans une note, elle s'interroge : «comment expliquer le silence qui entoure ces questions au niveau de la vie institutionnelle du pays, dans les médias ou tout simplement au niveau de l'opinion publique ? Déposer une plainte pour tapage nocturne auprès des services de police d'un quartier est une gageure, sachant pertinemment qu'elle n'aboutira jamais. Sur un autre plan et à notre connaissance, aucune étude n'a été lancée par l'ONS ou un autre département ministériel sur l'impact du bruit sur nos populations.» L'Etat semble totalement se désintéresser de cette question. Les cités se transforment, dès les premières lueurs du jour, en un vaste marché communal où les camelots dictent leur loi. Les citoyens sont de plus en plus gênés par des bruits provenant de la circulation de véhicules sur la voie publique, d'établissements recevant du public (discothèque, débit de boissons, salle de sport) et les travaux de chantier. Le bruit affecte non seulement la qualité de la vie, mais également la santé des citoyens à partir de certains seuils de volumes sonores. Le décret exécutif n°93-184 du 27 juillet 1993 réglemente l'émission des bruits. L'article 2 stipule que «les niveaux sonores maximums admis dans les zones d'habitation et dans les voies et lieux publics ou privés sont de 70 décibels (70 DB) en période diurne (6 heures à 22 heures) et de 45 décibels (45 dB) en période nocturne (22h à 6 h)». L'article 3 précise : «Les niveaux sonores maximums admis au voisinage immédiat des établissements hospitaliers ou d'enseignement et dans les aires de repos et de détente ainsi que dans leur enceinte sont de 45 décibels (dB) en période diurne (6h à 22h) et de 40 décibels (dB) en période nocturne (22h à 6h).» Selon cette loi, toutes les émissions sonores supérieures aux valeurs limites indiquées aux articles précédents sont considérées comme une atteinte à la quiétude du voisinage, une gêne excessive, une nuisance à la santé et une compromission de la tranquillité de la population. Selon Karima Bouraoui, ce décret «demeure insuffisant» et une nouvelle réglementation s'impose. Une critériologie des nuisances sonores doit être élaborée par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme ainsi que la cartographie des nuisances sonores par wilaya, selon les spécificités régionales.