C'est dans le même cadre, d'ailleurs, que sa sœur Malika a animé hier un point de presse à Tizi Ouzou. «Depuis dix années, nous avons remarqué que c'est la fondation qui s'était investie dans la quête de la vérité sur l'assassinat de Lounes. Mais à partir de cette année, c'est la famille du défunt qui a décidé de porter cette revendication, et la fondation s'occupera beaucoup plus de l'aspect poétique, musical et de l'œuvre de Matoub. D'ailleurs, pour aujourd'hui, nous avons fait un appel restreint pour la tenue d'un rassemblement symbolique devant la cour de justice de Tizi Ouzou. La fondation est une structure qui a résisté contre vents et marées. Il y a eu même des campagnes de déstabilisation, d'isolement et même de lynchage contre ses membres», a déclaré la présidente de ladite structure, avant de poursuivre : «On parle toujours de l'engagement politique de Lounes, mais l'aspect poétique et musical de son œuvre est méconnu.» «La fondation Matoub Lounes était infiltrée comme plusieurs organisations de masse. Il y avait des gens qui n'ont rien avoir avec la fondation, mais qui venaient seulement pour avoir des renseignements», a-t-elle révélé. Evoquant l'affaire de l'assassinat du rebelle, la conférencière ajoutera : «Nous avons épuisé tous les moyens de contestation de rue et nous n'avons pas cessé de dire que l'assassinat de Lounes est un crime éminemment politique. Nous avons refusé de nous constituer partie civile pour une parodie de procès. C'est un crime impuni. La seule chose que nous demandons, c'est le respect de la procédure. Il y a désignation des coupables d'une manière extrajudiciaire. Il y a aussi énormément d'irrégularités dans cette affaire. Nous demandons la réouverture du dossier. A chaque fois, il y a de nouveaux éléments qui apparaissent. Mon frère n'est pas un alibi pour mener une lutte politique.» Aussi, Malika Matoub s'est montrée hostile à la «politique politicienne». «Je refuse de faire la politique politicienne et d'utiliser l'affaire Matoub pour régler les problèmes de clans», a-t-elle souligné. Par ailleurs, notons que la célébration du dixième anniversaire de l'assassinat du rebelle sera marquée par plusieurs activités. L'on note, entre autres, la journée d'étude qui sera consacrée à l'œuvre poétique et artistique du chanteur. Cette rencontre sera animée par des universitaires et chercheurs, à l'image de Yalla Sediki, Idir Ahmed Zaid, Hacene Hireche et Saïd Chemakh. A l'occasion, le troisième prix Matoub Lounes pour la résistance sera également décerné au Marocain Hocine Azergui, membre d'une commission européenne de la lutte contre le terrorisme. Enfin, un pèlerinage sera organisé à Taourirt Moussa, commune de Beni Douala, où une stèle sera inaugurée à l'effigie de Matoub Lounes et les martyrs du printemps noir.