Ainsi, après les rapines sur les câbles téléphoniques, les fibres optiques, les câbles en cuivre, les compteurs électriques et d'eau, les malfaiteurs semblent avoir jeté leur dévolu sur un autre filon. Il s'agit du vol de blé, selon une «technique» digne des gangsters du siècle dernier. Les voleurs, qui ont redoublé d'ingéniosité, ont mis un plan d'attaque sommaire. Ils guettent les semi remorques lourdement chargés de sacs de blé à leur départ du port d'Oran et c'est au niveau du virage de la route du port, menant vers le rond-point de la Cité Djamel, que tout se joue rapidement. Embusqués dans les bosquets surplombant la route du port, les voleurs bondissent lestement sur les camions. Leurs acolytes, restés à terre, «réceptionnent» tout bonnement les sacs de blé, sous le regard impuissant des conducteurs. «Les sacs de blé jetés par les voleurs explosent littéralement à leur atterrissage sur l'asphalte. Le plus souvent, des sacs intacts sont récupérés par leurs complices qui arrivent à s'échapper», déplore ce chauffeur d'un semi remorque. Des centaines de kilos de blé sont quotidiennement volés par ces bandes qui n'hésitent pas à mettre leur vie et celle des autres en danger. Les jeunes qui s'adonnent à cette activité sont généralement âgés entre 18 et 30 ans. «Ils connaissent parfaitement les lieux puisqu'ils arrivent à prendre la poudre d'escampette une fois leur forfait accompli», affirme un conducteur, victime à répétition des malfaiteurs. Comme lui, nombreux sont ses collègues qui paient à présent un lourd tribut. Ces derniers sont en effet obligés de payer de leur propre poche les sacs subtilisés par les bandits. La route du port, passage obligé des semi remorques, est en passe de se transformer en piège pour les routiers et les automobilistes.