Pas moins de 12 022 personnes ont été touchées par le virus A (H1N1) de la grippe porcine, 86 en sont mortes, a annoncé hier l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un nouveau bilan. En 24 heures, 854 nouveaux cas ont été officiellement répertoriés. La quasi-totalité des nouveaux cas a été recensée aux Etats-Unis, où 788 personnes ont été affectées. L'OMS estime que le virus A (H1N1) va continuer à se propager à la fois dans les pays déjà touchés et dans ceux qui ne le sont pas encore, et maintient son niveau d'alerte 5 qui signifie qu'une pandémie est « imminente ». Les spécialistes jugent que cette grippe semble régresser mais l'allure de sa progression et sa dangerosité ressemblent aux caractéristiques de pandémie. Les mesures de protection prises par les pays justifient cet état de fait. Le retour de cette grippe à l'automne prochain inquiète les autorités internationales de santé. Des mesures de précaution sont ainsi mises en place par les Etats en attendant l'arrivée d'un vaccin. Qu'en est-il en Algérie ? Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Saïd Barkat, a affirmé avant-hier que l'Algérie possède les moyens matériels et humains pour faire face à l'apparition d'éventuels cas de grippe porcine. Il a rappelé que l'Algérie « a élaboré un programme comprenant l'aménagement de 53 hôpitaux et la préparation de tous les spécialistes », afin de faire face à une éventuelle apparition de la grippe porcine, outre « la disponibilité des médicaments à cet effet ». Ces structures sont implantées sur l'ensemble du territoire national, selon le directeur de la communication au ministère de la santé. « Ces hôpitaux de référence disposent de services spécialisés aménagés pour prendre en charge un cas d'affection respiratoire aiguë. Ces services ont été identifiés lors de la menace du SRAS, puis rééquipés pour faire face à la grippe aviaire. Ils sont reconduits pour la grippe A (H1N1) », signale notre interlocuteur en précisant que ces services garantissent aussi l'isolement des cas de grippe et disposent de tous les moyens de protection pour le personnel soignant et les malades. « Chaque hôpital dispose d'une quantité de produits, une moyenne de 10 cures, pour prendre en charge les dix premiers cas en urgence, en attendant d'acheminer les quantités stockées au niveau de chaque wilaya. Il y a aussi des stocks régionaux pouvant approvisionner les structures en cas d'épidémie », a-t-il ajouté en rappelant que l'Algérie dispose d'un stock national de 6,5 millions de boîtes de Tamiflu et elle est en cours de renforcement de ces quantités. Les cas suspectés aux frontières ou dans une structure hospitalière sont, nous a-t-il expliqué, automatiquement transférés par une ambulance adaptée, dotée de moyens de désinfection et d'équipements de protection nécessaires pour le personnel vers l'hôpital de référence le plus proche. Le directeur de la communication signale aussi que l'Algérie dispose de 20 millions de masques tous types confondus. « Nous avons des masques spéciaux en quantités suffisantes pour les personnels soignants et 17 millions de masques chirurgicaux à triple plis sont en stock. Nous sommes entrain d'acquérir 100 millions d'unités supplémentaires », a-t-il signalé. Par ailleurs, une formation continue est assurée au personnel médical afin de faire face en cas d'épidémie. Des séances par le biais de téléconférence sont également prévues en cas de besoin, notamment pour le personnel chargé de la surveillance épidémiologique au niveau de l'ensemble des points d'entrée du territoire national qui travaille h24 et qui dispose de moyens de contrôle. « Pour le personnel médical au niveau des structures, des séminaires de formation ont été déjà organisés dans certains établissements », signale encore le responsable de la communication au ministère de la santé. Il affirme que l'Algérie est en état de vigilance extrême et qu'il n'y a aucun cas de grippe A H1N1, précisant que « par excès de prudence, on a eu de fausses alertes. Je tiens à préciser que seul le ministère de la santé peut annoncer les cas suspects après vérification et l'obtention des résultats des prélèvements analysés au niveau de l'Institut Pasteur à Alger ». Le département de Saïd Barkat, rassure-t-il, « renforcera les dispositifs durant toute la période estivale afin de se préparer pour l'automne, période où la grippe saisonnière commence à s'installer. Et si d'ici là le vaccin contre le virus H1N1 est disponible, l'Algérie vaccinera sa population à titre gratuit », a-t-il rassuré. A noter que les spécialistes redoutent déjà la saison de la grippe saisonnière qui commence dans l'hémisphère sud, notamment dans certains pays africains et le Sud asiatique. En attendant la prochaine saison grippale, des discussions sont menées à propos de la fabrication d'un vaccin contre le virus H1N1. Trente laboratoires fabricants de vaccins ont rencontré, la semaine dernière, Margaret Chan, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. Au programme une fois de plus, la stratégie de production d'un vaccin pandémique contre le virus H1N1.