Une trentaine de costumes de l'époque ottomane et anatolienne ont été mis en valeur par dix mannequins algériens et quatre mannequins turcs. L'institut d'Ankara, créateur de l'ensemble des tenues, a été fondé en 1958 afin de préserver, adapter et transmettre aux futures générations l'artisanat traditionnel turc et créer des versions contemporaines. L'institut en question compte à son actif une trentaine de défilés de mode à travers le monde. Dans une brève allocution, Son Excellence Ahmed Necati Bigali, ambassadeur de la République de Turquie en Algérie, est revenu sur la genèse du prestigieux institut d'Ankara tout en souhaitant que les relations diplomatiques entre l'Algérie et la Turquie se consolident davantage. En une heure de temps, l'imposante collection a attiré l'intérêt des invités. La collection a comporté des costumes datant de l'empire ottoman jusqu'à la proclamation de l'indépendance en 1929. C'est sous des intonations de musique turque que la soirée est étrennée. Quelques secondes suffisent pour apercevoir trois mannequins exhibant des modèles sous des pas de chorégraphie mesurés et originaux à la fois. Un genre de triptyque est alors proposé. Des costumes anatoliens portés auparavant par des prolétaires et des gens ordinaires se laissent voir avec un véritable ravissement. Des ensembles brodés, aux tissus superposés, sont constitués d'une longue jupe ou d'un large pantalon, le tout rehaussé d'une tunique, la taille est ceinturée par des cordons tressés. Les ornements polychromes et multicolores sont cousus de fils multicolores différents. Certains tissus sont brodés à la main avec du fil d'or avec un motif de feuillages stylisés et de grenades renfermant des petits bouquets, des dessins fantaisistes convoités de nos jours. La collection a également dévoilé des costumes nobles portés par des personnes du sérail ottoman. Une profusion de robes droites aux tissus scintillants, des pantalons bouffants aux tissus soyeux et aux volumes généreux portés sur des gilets et de longues vestes sont colorés avec des ornements de pierres précieuses et de corail. La responsable de l'institut d'Ankara, Mme Inci Lavuz, nous a indiqué en aparté que la penderie ramenée est en fait une mixture de toutes les collections antérieures. La chorégraphie confiée au mannequin Aygûl Kalemajeva a permis de découvrir l'une des nombreuses facettes d'une demande en mariage turc. Un talentueux couple de danseurs a montré ses performances artistiques à travers un cérémonial suivi d'une lancinante valse. Le défilé de mode s'est clôturé par le passage sur le podium par trois mannequins aux tenues différentes lourdes de sens. L'incontournable robe blanche au design contemporain a côtoyé une robe de soirée rouge à l'effigie du drapeau turc et une tenue noire dédiée au prince Mustafa Kemal Ataturk. Outre son portrait, on pouvait lire en turc sur les manches : «On te doit tout». Des phrases révélatrices à plus d'un titre du combat mené par le regretté. Le prince a proclamé le 29 octobre 1923 la République turque après avoir fait abolir le sultanat malgré la réticence de ses frères d'armes. Il a concrétisé l'ensemble des réformes dont il a rêvé pour la nouvelle Turquie.