Un seul accusé, B.A., parmi les onze prévenus qui ont défilé à la barre, a écopé d'une peine de 2 ans d'emprisonnement pour non-dénonciation de crime. Reportée une première fois en raison de l'absence des avocats de la défense des principaux accusés, le procès de l'affaire des deux tonnes de kif traité s'est finalement tenu mercredi dernier. Les onze personnes impliquées dans cette saisie record se sont relayées à la barre des accusés durant toute la journée et une grande partie de l'après-midi. Selon les faits consignés dans l'arrêt de renvoi, au cours du mois de juin de l'année écoulée, les enquêteurs des services de police ont été informés sur la préparation d'une transaction de drogue, qui s'apprêtait à se conclure près de la commune d'Es Sénia. Après plusieurs jours de filature, les policiers ont enfin réussi à localiser la cache des narcotrafiquants près du village Belgaïd dans la région Est d'Oran. Un camion semi-remorque, précédé par un véhicule léger, utilisé comme éclaireur, qui sont sortis du garage, ont été aussitôt soumis à une filature. Ils seront interceptés quelques minutes plus tard dans ladite commune au moment de la transaction. La fouille du semi-remorque a permis aux enquêteurs des services de police de mettre la main sur plus de deux tonnes de résine de cannabis (2.180 kg), qui étaient soigneusement dissimulés sous une cargaison d'oignons. Le conducteur du camion, S.A., un convoyeur notoire de drogue, et son compère B.F., ont pu être maîtrisés, tandis que les deux autres occupants du véhicule éclaireur, B.M. et S.S., qui sont originaires de la ville de Batna, ont par contre réussi à prendre la fuite à la faveur de la confusion. Les investigations menées par la police sur la base des informations fournies par les deux personnes interpellées ont abouti à la localisation de trois fermes dans le village Belgaïd, appartenant aux membres du réseau. La descente, qui a été opérée par les forces de sécurité dans ces fermes, a permis la saisie de deux fusils de chasse, de munitions, un véritable arsenal d'armes blanches et un lot de matériel informatique sophistiqué utilisé pour la falsification des coupures de banque et de documents administratifs. Les policiers ont également saisi deux camions, trois autobus et un tracteur qui étaient utilisés comme moyens de transport. Ce que l'enquête présente comme étant la tête pensante de ce vaste réseau international de drogue, T.K., plus connu sous le sobriquet de «Kadda l'empereur», est finalement tombé à Oran au cours d'une souricière savamment concoctée par les enquêteurs de la police. Son lieutenant, B.G., a été quant à lui cueilli dans son pied-à-terre près du village de Gdyel, dans la région Est d'Oran. Selon les résultats de l'enquête de police, de grandes quantités de drogue provenant du royaume chérifien étaient convoyées à partir des localités longeant la bande frontalière algéro-marocaine pour être acheminées vers l'Europe via la Libye. La marchandise prohibée transitait par les villes d'Oran, de Batna, de Blida et de Bejaia où les narcotrafiquants disposaient de caches. Le conducteur du semi-remorque, en l'occurrence S.A., a déclaré, lors de son interrogatoire, qu'il «avait effectué cinq convoiements de drogue». Le dernier remonte à 20 jours avant son interpellation. Selon ses propres déclarations, il a convoyé à cette époque une quantité de 15 quintaux de résine de cannabis, qui était soigneusement dissimulés sous une cargaison de fèves et ce, en contrepartie de 100 millions de centimes. La marchandise prohibée a été entreposée durant quelques jours dans une usine de marbre située dans la ville de Blida appartenant à un membre du réseau répondant aux initiales de B.M. Ce dernier l'a confiée à deux autres narcotrafiquants originaires d'Alger, B.A. et S.T., qui se sont chargés de la fourguer. S.A. a également reconnu avoir acheminé une autre quantité estimée à 700 kg de kif, dissimulée dans des cartables. L'enquête de police a aussi révélé que les éclaireurs percevaient entre 50 et 100 millions de centimes selon l'importance de la quantité de stupéfiants qui devait être convoyée. Notons que le représentant du ministère public a requis, mercredi, la réclusion criminelle à perpétuité pour chacun des 13 accusés et une peine de 3 ans d'emprisonnement pour non-dénonciation de crime et ce, après avoir mis en évidence la gravité des faits et les répercussions néfastes de ce trafic sur la population. Hormis deux accusés, le chauffeur du semi-remorque, S.A., et un autre passager du camion, B.F., qui ont reconnu les faits, le reste des accusés a tout réfuté en bloc. Les avocats de la défense ont plaidé en substance le bénéfice des circonstances atténuantes en faveur de leurs mandants.