Deux ans après Roger Federer, Rafael Nadal est devenu à Malaga le deuxième membre du «Big 3» du tennis à ranger ses raquettes pour de bon, après une défaite en quarts de finale de la Coupe Davis. L'immense carrière de Rafael Nadal a pris fin mercredi 19 novembre, après une défaite 2-1 de l'Espagne contre les Pays-Bas en quarts de finale. Après 23 années sur le circuit et presque autant de titres du Grand Chelem (22), ce sont les Pays-Bas et leur surprenant Botic van de Zandschulp qui ont poussé Nadal vers la sortie à 38 ans. Dans le premier simple de la journée, le gaucher majorquin a cédé en deux manches contre le 80e joueur mondial, vainqueur 6-4, 6-4. «J'ai perdu mon premier match en Coupe Davis» en 2004, «je viens de perdre mon dernier match. La boucle est bouclée», a réagi Nadal, dont la carrière a été émaillée d'innombrables blessures, entre des retours au premier plan quasi miraculeux. Sans égal sur terre battue L'éternel rival du Suisse Roger Federer (20 titres du Grand Chelem) et du Serbe Novak Djokovic (24 titres) n'avait plus disputé de match officiel depuis sa défaite le 31 juillet en quarts de finale du tournoi olympique. Federer l'a encensé sur les réseaux sociaux. «Tu m'as fait travailler plus dur que je ne l'aurais jamais imaginé (…) Tu m'as forcé à réinventer mon jeu (…) Quelle carrière incroyable tu as eue», l'a félicité le Suisse. Sans égal sur terre battue, Rafael Nadal a étendu sa domination à toutes les surfaces grâce à son mental inoxydable et sa résilience face aux blessures, qui ont fini par avoir raison de lui. Rafael Nadal a écrasé la concurrence sur l'ocre durant près de vingt ans, depuis ses débuts professionnels en 2001, mais réduire sa palette à cette couleur serait une erreur. Pour l'ex-numéro 1 mondial et capitaine de l'Australie Lleyton Hewitt, Nadal est «un des plus grands joueurs de tous les temps». Avec 92 trophées, le trône de numéro 1 mondial occupé pendant 209 semaines, quatre Coupes Davis et deux médailles d'or olympique, en simple (2008) et en double (2016), il possède l'un des palmarès les plus foisonnants avec ceux de Djokovic et Federer. En janvier 2022, à Melbourne, l'Espagnol est devenu après Djokovic le deuxième joueur de l'ère Open (depuis 1968) à remporter au moins deux fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem. Lui-même place au-dessus ses deux victoires sur le gazon de Wimbledon en 2008 et 2010. Surtout la première, conquise dans un match de légende contre le champion suisse, coauteur avec lui d'un des feuilletons les plus passionnants de l'histoire du sport. Le roi à Paris Mais c'est bien sur la terre battue que son art a atteint la perfection. Durant sa carrière, il a été quasiment imbattable d'avril à juin grâce à son lift incontrôlable et ses glissades supersoniques : 484 matches gagnés sur 535 disputés, plus de 90% de succès. Ses triomphes parisiens, de 2005 à 2008, de 2010 à 2014, de 2017 à 2020 et en 2022, sont ses chefs-d'œuvre. Aucun champion n'a jamais réussi à gagner autant de fois un même tournoi du Grand Chelem… ni d'aucune autre catégorie d'ailleurs. Personne d'autre non plus n'a jamais remporté 81 matches de suite sur terre battue, record établi entre avril 2005 et mai 2007, ni empilé 63 titres sur cette surface. Moins doué techniquement que Federer, le gaucher Nadal (mais droitier dans la vie) a triomphé grâce à son mental, cette «capacité à accepter les difficultés et à les surmonter, supérieure à celle de la plupart de (ses) rivaux», selon ses mots, et à son exceptionnel pouvoir de concentration. Son corps a souvent été son pire ennemi. Dès 2006, Nadal s'est cru perdu à cause d'un mal chronique (syndrome de Müller-Weiss) au pied gauche. Cette douleur qui va et vient sans jamais disparaître est devenue particulièrement handicapante à la toute fin de sa carrière : il a ainsi remporté son quatorzième et dernier Roland-Garros avec un pied anesthésié. Des problèmes au genou et au poignet l'ont également tenu éloigné des courts pendant de longues périodes, sans compter les déchirures abdominales. Rafael Nadal a tenté un ultime retour en 2024 à Paris : à Roland-Garros d'abord, puis aux Jeux olympiques. Il y a effectivement joué, mais loin de sa meilleure forme.